<296> Notre cavalerie de la gauche ne choqua presque point. Mais le général Rochow, avec le régiment de Bornstedt, attaqua l'infanterie autrichienne et fit tout le régiment de Damnitz, un bataillon de Kolowrat, avec ses drapeaux et tous les officiers, prisonniers, en même temps que notre infanterie donna le dernier assaut et mit le comble au gain de cette bataille.

La déroute des Autrichiens fut très grande. Tous les fuyards se sauvèrent éparpillés dans un bois que l'on trouve sur la carte nommé Royaume de Sylva.

Notre cavalerie n'a pu les poursuivre plus loin que jusqu'au village de Soor. C'est jusqu'où l'armée les a suivis, et le nom que l'on a donné à la bataille.

Il faut dire à la louange des généraux autrichiens qu'on n'a aucune faute à leur reprocher.

Leur dessein était conçu avec beaucoup de sagacité. L'exécution en était belle, et il n'y a eu que l'audace des Prussiens et leur longue habitude de Vaincre qui leur a fait surmonter des difficultés incroyables.

On doit donner des louanges aux grenadiers autrichiens, qui ont fait des merveilles à la batterie qui était sur notre droite. Pour notre bonheur ils n'avaient que des Saxons pour les soutenir.

Les trophées que nous avons remportés de cette victoire, consistent en 10 drapeaux, 2 étendards, 30 officiers prisonniers, 1,500 hommes, 21 canons.

Nous y avons perdu 500 tués et 2,000 blessés.

Parmi le nombre des morts sont le prince Albrecht de Brunswick, le général de Blanckensee, les colonels Ledebur, Blanckenburg et Buntsch, le brave Wedell, Bredow, lieutenant-colonel des gensd'armes, et environ vingt officiers de tout grade.

Voici les ordres de bataille des deux armées, par lesquels on verra que 18,000 Prussiens ont battu 35,000 Autrichiens, postés le plus avantageusement du monde. Il me semble que ce mot contient toute la louange qu'il est possible de donner aux troupes.

Le prince Léopold d'Anhalt, le maréchal Buddenbrock, les généraux Rochow, Goltz et Bonin, se sont autant distingués que d'admirables officiers peuvent le faire parmi d'excellents. L'un a eu plus d'occasion que l'autre: c'est proprement ce que je veux dire.

Le prince Charles,1 tout malade qu'il était, et le général Rothenburg, avec une fièvre continue, y ont été. Le premier a agi avec beaucoup de vigueur, mais le second, qui était entre la mort et la vie, n'a pas été en état.

Pendant que notre armée faisait une aussi belle moisson de gloire, les hussards de Nadasdy moissonnaient nos équipages. L'officier qui devait les conduire, s'était égaré avec ceux du Roi. Et c'est là où le Roi et les officiers du quartier de la cour ont perdu les leurs.




1 Der Markgraf von Schwedt.