<306> n'arrive entre ci et ce temps-là des événements que je ne saurais prévoir. Ne me reprochez point, je vous prie, la perte de mon bagage ni d'Eichel, car soyez sûr que nous avons tout fait le 30 passé, plus que des hommes ordinaires font, et que, du moins, le bagage nous a débarrassé de 8,000 guêpes qui nous auraient fort incommodés dans des moments critiques. Il est fâcheux qu'Eichel soit pris, mais les Autrichiens n'y gagneront rien, et mes affaires n'en ont point souffert.

Adieu mon cher Podewils, c'est de vous à présent que j'attends les bonnes nouvelles; nous nous battons quelquefois ici au fourrage, mais du reste les deux armées pensent aux quartiers. Je suis votre bien fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


2019. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Camp de Trautenau, 11 octobre 1745.

J'ai reçu votre relation du 27 septembre par laquelle vous me faites un fidèle portrait de la cour et de la situation de ses affaires, comme aussi de ses sentiments par rapport à moi. Vous devez faire sentir aux ministres que je m'étais aperçu, il y a longtemps, que la France n'a pas agi de concert avec moi pendant toute cette campagne; que je n'avais tiré aucun secours de son alliance, malgré les terribles efforts que j'ai faits en faveur de la cause commune; que cette cour semble conserver une prédilection marquée envers la Saxe; qu'on avait à contre-temps affaibli l'armée du prince de Conty, au lieu de la renforcer; qu'on avait retiré cette armée au delà du Rhin, au lieu de la faire rester auprès de Francfort pour tenir les choses dans une situation convenable et concertée; qu'on avait fini la campagne de Flandre dans le temps où les opérations en Bohême étaient des plus vives; que je n'ai obtenu aucun secours ni en argent ni en troupes de la France, quoique je fusse attaqué dans mon pays et qu'elle fût dans l'obligation intime, moyennant l'alliance, de m'assister alors de toutes ses forces; qu'on n'a fait jusqu'ici aucune attention aux différentes remontrances que je lui ai faites tant pour les affaires de la négociation, ni pour ce qui regarde les opérations militaires, et qu'en dernier lieu, pour comble des mesures, elle avait proposé à mon insu par l'abbé de La Ville un congrès, et cela même dans le temps que le M. de Valory me faisait les insinuations les plus vives pour me porter à des résolutions les plus désespérées; ainsi vous vous plaindrez poliment aux ministres de tous ces procédés, mais sans aigreur et sans animosité, afin de leur faire envisager avec douceur le fond de mes raisons et de mes justes griefs.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.