<372> dangereux que les cours de Vienne et de Dresde avaient formés contre moi, que je n'use en tout que des droits de la guerre, et comme c'en est l'usage par toute l'Europe. S'il est vrai que le roi de Pologne veut éviter la ruine de ses États héréditaires, il me semble que le moyen le plus sûr pour la prévenir, est d'accepter la paix que j'offre si cordialement à ce Prince; car, sans haine et sans animosité particulière, tout le monde conviendra que 80,000 hommes dans un pays comme la Saxe, ne peuvent pas manquer de le Tuiner à la longue. Mes mains sont innocentes de tout le mal qui en arrivera, et j'en atteste le Ciel et les yeux de toute l'Europe que, si le roi de Pologne persiste dans son irréconciliation, personne ne pourra trouver à redire que de mon côté je me porte aux plus grandes extrémités.

Pour l'amour de l'humanité, Monsieur, employez tous vos soins, pour que deux nations voisines ne se déchirent point. Soyez l'organe de mes sentiments, comme vous êtes le dépositaire de mes intérêts, et sauvez la Saxe de ses calamités présentes et du dernier des malheurs qui la menace. Je suis avec toute l'estime imaginable

Fr.

Le comte de Podewils est ici depuis hier, il attendra encore pour voir s'il n'y aura pas moyen de porter le ministère saxon à des sentiments plus justes et plus équitables. Que le roi de Pologne profite donc de mes dispositions et qu'il ne me presse point à bout. Je vous enverrai demain mes remarques sur le mémoire du sieur Brühl;1 vous en ferez l'usage que vous trouverez le plus convenable, et, en cas que vous les croyiez moins propres à radoucir les esprits qu'à les aigrir, il dépendra de vous de n'en point faire usage à la cour.

En attendant, je pars pour donner une nouvelle activité à mes opérations et pourvoir à mes propres sûretés, soit en écrasant mes ennemis, ou en les obligeant à faire une paix raisonnable.

Quoi qu'il puisse arriver, j'aurai toujours beaucoup de reconnaissance pour vos bons procédés, et, si je puis vous être utile à votre cour, j'employerai chaudement tout mon crédit, pour vous prouver que vous n'avez pas servi un ingrat.

Nach dem eigenhändigen Concept. Der Zusatz nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


2102. AU MARÉCHAL DE FRANCE DUC DE BELLE-ISLE A PARIS.

Quartier général de Bautzen, ii décembre 1745.

Monsieur le Maréchal. Je suis extrêmement sensible à la part que vous me témoignez de prendre aux succès de mes armes à la bataille de Soor, et à tout ce que le marquis d'Écoville m'a dit de vos sentiments pour moi. Comme j'en connais tout le prix, j'y répondrai tou-



1 Vergl. S. 371 Anm. 2; S. 376 Anm. 1.