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2112. AU MINISTRE D'ÉTAT DE BORCKE A BERLIN.

Dresde, ce 18 [décembre 1745].

Mon cher Borcke. Dresde vient de se rendre avec les quatre enfants cadets du Roi. La bataille et la ville coûtent douze à treize mille hommes aux Saxons. Nous avons eu à la bataille 1,000 morts et 2,560 blessés. Faites toujours imprimer cela et écrivez-le dans toute l'Europe. Les Saxons et Autrichiens s'enfuient par les montagnes dans la Bohême et la campagne est bien finie. Nous travaillons ici à la paix. Je vous dis tout ceci en deux mots pour votre information. Adieu.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


2113. A L'ENVOYÉ DE LA GRANDE-BRETAGNE DE VILLIERS A PRAGUE.1

Dresde, 18 décembre 1745.

Monsieur. J'ai été fort surpris de recevoir des propositions de paix le jour d'une bataille, et j'ai été convaincu suffisamment du peu de sincérité des ministres saxons par le retour du prince Charles de Lorraine en Saxe. La fortune, qui a secondé ma cause, m'a mis en état de ressentir ces sortes de procédés bien vivement; mais, bien loin de penser de cette façon-là, j'offre encore pour la dernière fois mon amitié au roi de Pologne. Mes succès ne m'aveuglent point, et quoique, j'aurais raison d'être enflé de ma situation, je suis toujours dans les sentiments de préférer la paix à la guerre, et j'attends que M. de Bülow et M. de Rex aient leurs pleins-pouvoirs, pour que le comte de Podewils, qui arrivera ce soir ou demain ici, puisse entrer d'abord en conférence avec eux.

D'ailleurs, je ne puis pas vous cacher ma surprise de ce qu'un ministre anglais puisse me conseiller de me départir d'un traité que j'ai fait avec le Roi son maître, et que la Grande-Bretagne a garanti. Vous me verrez plutôt périr, moi et toute mon armée, que de me relâcher sur la moindre minutie de ce traité. Si la reine de Hongrie veut donc enfin faire une fois la paix, je suis prêt de la signer, selon la convention d'Hanovre; et si elle le refuse entièrement, je me verrai en droit de hausser mes prétentions contre elle.

Apportez-moi donc les dernières résolutions du roi de Pologne; et que je sache s'il préfère la ruine totale de son pays à sa conservation, les sentiments de la haine à ceux de l'amitié, et, en un mot, s'il aime mieux attiser l'embrasement funeste de cette guerre, que de rétablir la paix avec ses voisins et pacifier l'Allemagne. Je suis avec toute l'estime possible etc.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.



1 Antwort auf Villiers' Schreiben vom 13. December, Œuvres III, 215.