<390> le veut, et il me dicte de mettre promptement fin à une guerre qui, n'ayant point d'objet depuis la mort du défunt Empereur, ne cause qu'une effusion de sang inutile; il me dit qu'il est temps de penser à ma propre sûreté, qu'une armée nombreuse de Moscovites menace mes États du côté de la Courlande, que l'armée de M. de Traun pourrait fort bien refluer contre la Saxe, que la fortune est changeante, et qu'après tout je n'ai des secours d'aucune espèce à attendre de mes alliés.

Les Autrichiens et les Saxons ont envoyé ici des ministres pour négocier la paix, et, après la lettre que je viens de recevoir de Votre Majesté, il n'y a plus qu'à signer. Après m'être acquitté de ce que je dois à l'État et à ma propre sûreté, aucun objet ne me tiendra plus à cœur que de pouvoir être de quelque utilité à Votre Majesté. Puisséje être assez heureux que de servir d'instrument à la pacification générale Votre Majesté ne pourra jamais confier Ses intérêts à personne qui ait plus d'attachement pour Elle que moi, ni qui travaille avec plus de zèle pour concilier les esprits et pour trouver des tempéraments pour accorder tant d'intérêts différents qui ont fait la grande pierre d'achoppement jusqu'à présent. Je La prie de me conserver Son amitié, qui me sera toujours précieuse, et d'être persuadée que je suis avec les sentiments les plus distingués, Monsieur mon Frère, de Votre Majesté le bon frère

Federic.

Nach der Ausfertigung im Dépôt des affaires étrangères zu Paris. Eigenhändig,


2126. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A BERLIN.

Dresde, 25 décembre 1745.

Monsieur. Voici la réponse que j'ai faite au Roi votre maître, à la lettre que vous venez de m'envoyer de sa part.

Ce que la cour de France aurait dû prévoir, il y a longtemps, s'est fait à présent, et m'en ayant vu abandonné entièrement, malgré toutes les représentations que je lui ai fait faire, je n'ai pu plus différer de faire ma paix avec les cours de Vienne et de Dresde.

Si cette nouvelle ne fait pas plaisir à votre cour, elle ne peut que s'en prendre à elle-même, n'ayant jamais voulu m'assister ni de subsides suffisants ni de troupes, ni faire aucune diversion en ma faveur. Pour notre personnel, je crois que nous pourrions rester amis tout comme auparavant.

Pour moi, je suis content d'avoir la consolation de n'avoir jamais été aux aumônes du roi de France. Je suis avec estime, Monsieur, votre bien affectionné

Federic.

La paix est faite, tu l'as voulu, tu l'as voulu etc.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.