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1678. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A MUNICH.

Berlin, 5 janvier 1745.

Je n'ai pas attendu les événements que vous me mandez dans la dépêche du 26 décembre dernier, pour faire faire en France les représentations que vous me proposez. J'ai de plus écrit de ma propre main à Sa Majesté Très Chrétienne dans les termes les plus pressants, pour lui faire comprendre la nécessité de faire marcher, sans perdre un moment, au secours de l'Empereur, en Bavière et particulièrement vers le Haut-Palatinat, le corps de troupes françaises qui se trouve actuellement dans le cercle de Souabe. Mais il aurait infiniment mieux valu qu'on n'eût point attendu l'extrémité présente et qu'on eût prévenu la rentrée des troupes autrichiennes dans le Haut-Palatinat. Cependant comme l'armée de l'Empereur surpasse actuellement le nombre de 30,000 hommes, je me flatte qu'il sera du moins en état de soutenir la défensive et de se maintenir dans les postes qu'il occupe présentement, jusqu'à l'arrivée du renfort. J'ai d'autant plus lieu de me le promettre, que je donne actuellement de l'occupation à une grande partie des forces autrichiennes, le prince Charles de Lorraine ayant ramassé au delà de 25,000 hommes, troupes réglées et irrégulières, sans compter une foule d'insurgés, pour tenter une invasion en Silésie, de sorte que malgré les incommodités de la saison mes troupes sont encore actuellement en action. Ainsi je ne saurais m'imaginer que l'armée autrichienne dans vos quartiers fût assez en force pour réduire l'Empereur à des extrémités, ni que ce prince se laissât induire à se remettre à discrétion entre les bras de ses plus cruels ennemis et à se séparer d'avec ses alliés les plus fidèles au moyen d'un accommodement particulier. Cependant comme il est très vraisemblable que la reine de Hongrie tentera tout ce qui est possible, pour engager l'Empereur dans une négociation de paix séparée, et qu'elle y sera puissamment secondée par ses partisans secrets à la cour impériale, vous ne sauriez pas être trop sur vos gardes à ce sujet, et aussitôt que vous découvrirez le moindre indice d'une semblable négociation, vous ne manquerez pas de m'en informer incessamment.1 Vous n'oublierez pas non plus de vous concerter là-dessus avec le sieur de Chavigny et de combiner vos soins et travaux, tant pour rassurer l'Em-pereur et pour lui inspirer de la fermeté, que pour veiller de près aux menées de son ministère.

Federic.

H. Comte de Podewils.

Nach dem Concept.



1 Eine entsprechende Weisung erhält unter dem gleichen Datum Graf Podewils im Haag in Bezug auf den dortigen Vertreter des Kaisers.