<58> manière désagréable, et de nous forcer à recevoir des conditions peu avantageuses.

Quoi qu'il en soit, comme les conjonctures présentes exigent de traiter la cour de Russie avec beaucoup de ménagement, j'ai fait répondre préalablement, de bouche et en termes généraux, au comte de Tschernyschew:

Que j'étais très sensible aux offres amiables de sa souveraine, persuadé que mes intérêts ne pouvaient être jamais tombés en meilleure main; mais que j'espérais, aussi, qu'avant de passer outre, Sa Majesté Impériale voudrait bien s'ouvrir confidemment à moi sur divers points qu'il fallait de toute necessité régler par préalable, tant pour ce qui regarde la nature et l'objet de la médiation, si elle doit s'étendre à la pacification générale ou se borner au rétablissement de la tranquillité en Allemagne, que par rapport au plan préliminaire qu'on proposerait aux parties intéressées, aussi bien que sur les dispositions où les ministres russiens, chargés de sonder les cours belligérantes, les ont trouvées relativement à cette matière.

C'est de cette façon-là que vous ferez bien de vous expliquer, pareillement, sur ce chapitre, observant toutefois de ne le faire qu'en guise d'insinuation, en vous rapportant à ce qu'on a fait entendre ici au comte de Tschernyschew, et d'éviter avec soin que le ministère russien n'en prenne occasion de vous faire donner une résolution par écrit où votre proposition soit étalée tout au long, ainsi qu'il l'a affecté dans la note susalléguée, très vraisemblablement dans le dessein d'en faire un usage pernicieux à mes intérêts, soit auprès de mes alliés, soit ailleurs.

Federic.

H. Comte de Podewils.

Nach dem Concept.


1733. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

[Potsdam,] dimanche [21 février 1745] à neuf heures.

Mon cher Podewils. Je suis très fâché que Valory ait été dépêché si vite à Dresde, car à présent nous n'avons plus de cheville à mettre dans la réponse que demande M. de Courten. La poste de Hollande est arrivée, mais elle n'a rien apporté d'intéressant, celle de dimanche prochain sera plus décisive sans doute; j'ai presque dessein de me faire malade, afin de gagner le jour de poste de dimanche, qui peut-être sera plus catégorique que celui-ci. Quel plan puis-je régler avec le chevalier Courten? Si nous en ajustons un, et que les Anglais fassent ma paix, les Français diront que je les ai trompés; si je n'en fais point, ils diront que je négocie. Il faut se déterminer cependant, et je ne veux rien leur dire qui puisse m'attirer le reproche de les avoir trompés; je ne veux pas non plus m'éloigner d'eux sans être sûr que ma partie est bien liée avec l'Angleterre. Le cas est embarrassant, le remède presse,