<61> Pologne à condition qu'il fît élire le jeune Archiduc roi des Romains. Le principal objet pour le présent est, ce me semble, d'empêcher l'activité de la voix de Bohême; c'est ce qui ne peut se faire que par le concours ou de l'électeur de Cologne ou de celui de Trêves; cet article est d'une si grande conséquence que je conseille à Votre Majesté de ne rien ménager pour le faire réussir. Il est sûr que jusqu'au moment présent nos ennemis ont la supériorité dans le collége électoral, et nous n'avons d'espérance que sur l'électeur de Cologne ou de Trêves, car Votre Majesté verra que tous les soins qu'Elle Se donnera pour la Saxe, seront nuls.

Je ne puis m'empêcher à cette occasion de dire à Votre Majesté avec franchise que je regarde la retraite de M. de Maillebois de la Lahn comme un événement aussi désavantageux, dans ces circonstances, que la perte d'une bataille. S'il ne se porte pas promptement en avant et s'il n'agit pas avec vigueur, il arrivera certainement que l'armée des alliés s'approchera de Francfort, et qui sait s'ils ne voudront pas brusquer une élection impériale, selon leur fantaisie? Que Votre Majesté pèse bien cette affaire et qu'Elle sente les terribles conséquences qui en résulteraient pour Elle et plus encore pour Ses alliés. Si Votre Majesté veut donner une tournure avantageuse à nos affaires, il me paraît, à moi, que les points principaux sont d'avoir une puissante armée sur le Bas-Rhin, de 60,000 hommes bien effectifs, avec un général bien entreprenant à leur tête, qui, sans s'éloigner beaucoup du Rhin, mît sa principale étude à couper la communication des électeurs ecclésiastiques et du pays d'Hanovre. Cette armée et de l'argent dépensé à propos établiraient assurément l'égalité des voix dans le collége électoral et ferait peut-être même impression sur le roi de Pologne. L'autre objet, non moins important, est celui de l'armée en Bavière. Votre Majesté l'a renforcée très convenablement, mais il manque une tête à ce corps robuste et fort, et je crois que le temps presse d'y envoyer un général bien hardi pour la commander. Si Votre Majesté y envoie un tâtonneur, Elle peut compter d'avance que Sa campagne est perdue, mais si Elle y envoie quelqu'un de bien vigoureux, avec les facilités que donne ce pays-là, on pourra pénétrer jusqu'à Vienne, et c'est l'unique moyen pour réduire la reine de Hongrie et le seul moyen de lui faire un mal réel. Si alors je puis avancer de mon côté vers la Moravie, il arrive que la Bohême tombe de soi-même.

Je ne dois pas laisser ignorer à Votre Majesté que j'ai fait sonder le ministère anglais sur ses idées à l'égard de la paix, selon qu'Elle paraissait le désirer avant la mort de l'Empereur; à quoi le lord Harnngton a répondu qu'il serait à désirer que l'on pût rétablir la paix et la balance des pouvoirs: en un mot, beaucoup de billevesées de cette espèce, et dont le sens en gros porte qu'il n'est pas éloigné de désirer la paix, mais qu'il fallait avant tout pressentir la façon de penser de leurs alliés; la mort de l'Empereur les rendra plus roides encore.