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1740. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 1er mars 1745.

J'ai bien reçu la relation que vous m'avez faite en date du 13 du mois dernier de février. Le comte de Bestushew a rencontré fort juste, lorsqu'il s'est moqué de l'insinuation ridicule que le lord Tyrawley lui a voulu faire, comme si j'avais proposé au roi de Pologne et à la Hollande une médiation entre moi et la reine de Hongrie; aussi pouvezvous assurer hardiment audit comte de Bestushew que c'est un mensonge des plus grossiers qu'on pouvait faire.

Mais sur ce qui est de la médiation de la Russie, mon intention est que vous ne la deviez point négliger, mais l'entretenir plutôt soigneusement et la garder comme la dernière et plus belle corde de mon arc. A cette occasion, je ne puis vous cacher que je doute fort encore de la sincérité du sieur de Woronzow, que, selon toutes les apparences, je crois être! mfiniment rusé et double et plus dangereux même que le comte Bestushew, qui au moins n'est pas tout-à-fait ingrat lorsqu'il se prête aux libéralités qu'on lui fait. J'espère que le diplome de comte pour le sieur de Woronzow vous sera présentement arrivé, l'ayant déjà fait partir, il y a quelque temps, par le chariot de la poste. Je fais travailler actuellement à un beau carrosse pour l'Impératrice, mais, comme il faut absolument du temps avant qu'un tel ouvrage puisse être achevé, vous ne manquerez, en attendant, de dire à ceux où il faut que je fais travailler à un carrosse que j'aurai l'honneur d'offrir à Sa Majesté Impériale.

Federic.

Nach dem Concept.


1741. AU CONSEILLER PRIVE DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A MUNICH.

Potsdam, 2 mars 1745.

La dépêche que vous m'avez faite en date du 20 du mois de février passé, m'a été bien rendue, sur laquelle je n'ai cette fois-ci qu'à vous dire que, voulant bien abandonner l'examen si feu l'Empereur a fait faire chipoter avec la cour de Vienne sur son raccommodement, je ne vous recommande autre chose que d'être bien attentif et vigilant au temps présent, surtout à l'arrivée du comte de Loss, pour être bien informé de ses propositions et des intrigues qu'il jouera, et pour les faire échouer, de concert avec le sieur de Chavigny. On se tient presque assuré à Dresde que l'électeur de Bavière se prêtera à un accommodement avec la reine de Hongrie, soit en se laissant gagner par les persuasions flatteuses du roi de Pologne, qui y veut interposer sa médiation, soit en se laissant intimider par la supériorité des armes de cette Princesse, le grand but des cours de Vienne, de Londres et de Dresde