1729. AU MARÉCHAL DE FRANCE DUC DE NOAILLES A VERSAILLES.

Potsdam, 19 février 1745.

Monsieur. Quoique je sache combien vous êtes au dessus des discours du public,54-1 j'ai néanmoins cru que je me devais quelque satisfaction à moi-même des lettres et des discours contraires à ma façon de penser que le maréchal de Schmettau a écrites et tenus. De pareils discours ne devaient pas partir de gens qui sont à mon service, et dont les instructions ont été bien différentes que les actions.

Vous ne sauriez juger à quel point la mort de l'Empereur a dérangé nos affaires en Allemagne, et cet événement augmente extrêmement le nombre des fanatiques de la reine de Hongrie, enhardit les partisans du grand-duc de Toscane, et intimide nos alliés. Le hasard, par une singularité étonnante, a donc mis à présent le destin de l'Allemagne entre les mains du roi de Pologne. Il aurait été bien difficile de prévoir une conjoncture aussi bizarre. Nous sommes ici à l'affût pour voir quel succès aura M. de Valory dans sa négociation. Je crains beaucoup qu'il n'y réussisse pas, et qu'il ne trouve dans cette cour les intérêts du ministre en opposition avec ceux de son maître.

Je suis sûr que, vu l'amitié que vous avez pour moi, vous prendrez part aux succès de mes affaires dans la Silésie, donc voici quelques petites relations. Ayant purgé entièrement cette province des ennemis, je me prépare de leur rendre le mal qu'ils m'ont fait.

Je souhaite de tout mon cœur que les armes du Roi votre maître prospèrent toujours, mais je regarde comme un point essentiel dans ce moment critique que vous renforceriez promptement l'armée du maréchal de Maillebois. La vivacité de la guerre présente empiète sur toutes les saisons, et lorsque M. de Maillebois sera en force, il devrait, je crois, attaquer les alliés avant qu'ils aient le temps de se renforcer avec les<55> troupes des cercles du Bas-Rhin et de la Westphalie. Je suis avec toute l'estime possible, Monsieur, votre très affectionné

Federic.

Nach dem Concept.



54-1 Wie Noailles in seiner Antwort auf den Brief des Königs vom 17. Januar (Nr. 1691) versichert hatte (Versailles 30. Januar).