1796. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Neisse, 17 avril 1745.

Mon cher Podewils. Autant qu'il paraît par les mouvements de l'ennemi, notre négociation est allée à pure perte. Les Saxons marchent vers Königgrätz, et l'on dit que les principales forces des Autrichiens s'y rendront de même. Je suis actuellement occupé à rassembler l'armée, qui entre ci et le 28 sera toute jointe auprès de Patschkau: peut-être que les circonstances me feront abandonner Troppau, comme trop éloigné d'ici; et ayant autant besoin d'avoir des attentions sur Schweidnitz et sur la Basse-Silésie, je ne pourrais soutenir ces deux postes ensemble.

Je verrai si j'y trouve jour de faire une marche à Jaromircz et attaquer l'ennemi; ils ont des magasins fort considérables à Königgrätz et Jaromircz; ainsi ils n'osent pas abandonner ce poste; ce qui me donnera le moyen de les y attaquer et de vivre ensuite à leurs dépens. Mon intention est, si les Saxons n'entrent point en Silésie, de ne les point inquiéter dans leur pays; mais, aussi, si un uhlan met le pied sur mon territoire, je prétends mettre tout leur pays, autant qu'il dépendra de moi, à feu et à sang. Comme je prévois que les lettres d Andrié qui rapporteront la réponse de la cour de Vienne, seront tout au plus mauvaises et contiendront des conditions inacceptables, je vous ordonne, en ce cas, de dépêcher par courrier la lettre au roi de France par laquelle je lui demande des subsides.

Je travaille comme un cheval pour donner une face avantageuse à ma critique situation. Le militaire fera son devoir, et il n'est aucun de nous qui ne se fasse échiner plus tôt que de perdre un pouce de<122> terre de ce pays par notre lâcheté; enfin, ou il nous faut une bonne paix, ou il faut nous surpasser par des actions de valeur et par des prodiges d'audace qui nous fassent recouvrer une supériorité si marquée sur nos ennemis qu'ils soient obligés à rechercher notre amitié. Je vous mets au fait de mes dispositions puisqu'il pourrait arriver une infinité de choses qui m'en empêche, dans un autre temps. Enfin, je crois que nous touchons au dénouement de la scène, et comme nos ennemis pensent que mon armée est totalement abîmée, je ne les crois pas éloignés de vouloir s'engager dans un combat avec nous; le prince Charles n'aura point d'adlatéré, cette campagne; ainsi, il faut espérer qu'il fera des sottises. Adieu, je vous souhaite mille agréments, pendant mon absence, de la bonne santé, et il ne tiendra pas à moi que vous ne receviez de bonnes nouvelles de l'armée.

Je suis votre fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.