1846. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Camenz, 18 mai 1745.

Mon cher Podewils. Je ne puis vous mander ici que ce que je vois. Autant qu'il me revient, les Saxons n'ont pas envie de se brouiller totalement avec nous; ainsi, je crois que, s'il nous vient des ennemis dans le pays, ce ne sera que des Autrichiens. Nous n'avons rien à craindre de ces gens-là, et je vous en rendrai bon compte. Je ne suis éloigné des Saxons que jusqu'au moment où nous recevrons notre courrier d'Andrié; dès qu'il sera venu, il faudra parler d'un autre ton, mais à présent je ne peux offrir doublement mon suffrage.169-1

Si la négociation de Londres me manque, il n'y a d'autre parti à prendre que de renouer avec la France plus ferme que jamais, et il faudra bien passer par tout ce qu'ils en voudront, ainsi que cette difficulté ne nous arrête point; mais voyons premièrement quelle sera l'issue de notre négociation d'Andrié.

Quant aux opérations des ennemis, je vous dirai que la situation du pays les empêche d'entreprendre plus tôt; nous sommes d'un côté et d'autre dans une inaction volontaire, et l'on ne peut agir que quand les blés sont fourageables, ce qui sera dans dix ou quinze jours. Il ne faut point fonder des conjectures sur la situation présente de l'ennemi, mais sur ses besoins; en un mot, si les Saxons ne s'en mêlent, les Autrichiens sont moins que rien, et s'ils viennent conjointement, nous ne les craignons point: ex ungue leonem!

Vous aurez les ordres que vous demandez pour les gardes, mais je pense que vous n'en aurez pas besoin. Adieu. Vous voilà instruit de ma façon de penser, et si vous ne recevez point de mes nouvelles ultérieures, vous savez à quoi vous en tenir.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



169-1 Die brandenburgische Stimme für die Kaiserwahl.