1967. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

[Camp de Chlum], ce 22 [août 1745].

Mon cher Podewils. Je suis plus mort que vif après la nouvelle que vous venez de m'annoncer.263-1 Je perds dans trois mois de temps mes deux plus intimes amis,263-2 et qui m'étaient les plus attachés de tous ceux que je connais. Me voilà étranger à Berlin, sans liaisons ni connaissances ni véritables amis. J'avoue que ce coup m'accable et que je n'ai pas la force de le soutenir. Eller aurait dû avoir plus soin de Keyserlingk l'hiver passé ; alors il en aurait été temps, mais il s'est contenté de boire le vin du malade sans songer à la maladie. Cette nouvelle m'a si fort démonté que je ne suis pas en état d'en dire davantage, et la raison et la philosophie sont en vérité obligées de se taire devant la véritable douleur.

Adieu, veuille le Ciel préserver vous et tous les honnêtes gens de pareille calamité. Je suis votre fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



263-1 Die Nachricht von dem am 13. August erfolgten Ableben des Obersten von Keyserlingk, Vergl. S. 247.

263-2 Am 24. Mai war Jordan gestorben.