1982. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Camp de Semonitz, 8 septembre 1745.

Mon cher Podewils. Dès que j'ai eu des nouvelles de la signature de la convention d'Hanovre, j'ai fait écrire secrètement au prince Charles de Lorraine, par le prince Léopold d'Anhalt, qu'il y avait des préliminaires réglés et signés à Hanovre pour une paix à faire entre moi et la reine de Hongrie, et, comme il y avait une suspension d'armes réglée, qu'il me ferait plaisir s'il voulait me communiquer les ordres qu'il recevrait de sa cour à ce sujet. Le prince Charles y répondit que sa cour ne lui en avait donné aucune connaissance, mais qu'il y enverrait un courrier pour en avoir des ordres, et que ce courrier en pourrait être de retour en trois fois vingt-quatre heures. Après avoir attendu ce temps, le prince Léopold écrivit encore audit prince Charles pour savoir ce qui lui était revenu de sa cour, afin qu'on puisse prendre de notre côté nos mesures là-dessus. Celui-ci a répondu encore que jusqu'à présent il ne lui était parvenu aucun ordre de sa cour qui l'empêchât de continuer les opérations de guerre, tout comme vous le verrez par la copie ci-jointe de sa réponse.274-1 Comme d'un côté j'augure par là fort mal de l'envie que la cour de Vienne a d'acquiescer à ce qui a été réglé à Hanovre, et que d'un autre côté je suis dans un embarras extrême de ne savoir point les véritables intentions de cette cour, moi qui de bonne foi ai rempli déjà l'article 12 de la convention274-2 par rapport à la Saxe, par où j'ai actuellement manqué des avantages fort considérables en Saxe que j'aurais pu avoir si j'avais fait pousser là les opérations, et que je risque d'ailleurs de perdre un temps de quatre semaines, surtout dans cette arrière-saison, si la cour de Vienne fait le même manége sur ce sujet qu'elle fit, comme vous savez, le printemps passé — mon intention est que vous deviez écrire incontinent et par estafette au sieur Andrié, en lui ordonnant de faire un compliment très poli de ma part au lord Harrington de toutes les peines qu'il s'était données à l'occa<275>sion de la convention d'Hanovre, en l'assurant de toute ma reconnaissance, de même que de la confiance que j'avais mise en lui, mais que je me voyais obligé à me plaindre de la mauvaise foi de la cour de Vienne, qui avait tardé jusqu'à présent à donner les ordres dont on était convenu par la convention d'Hanovre dans l'article 12, et qui faisait voir par là qu'elle avait peu d'envie d'acquiescer à ce qu'on était convenu par ladite convention; que, comme de mon côté j'avais non seulement déjà ratifié ladite convention, mais rempli d'avance, autant qu'il m'avait été possible, ce dont on y était convenu, me fiant sur la parole que le Roi son maître m'avait donnée de se faire fort de faire consentir la reine de Hongrie à ce qu'on était convenu, j'espérais à présent qu'on ne prendrait point pour une infraction de la convention, si, par la réponse équivoque et froide que le prince Charles de Lorraine m'avait fait donner, je me voyais obligé de continuer partout mes opérations, pour ne pas me laisser amuser par la cour de „Vienne ; que j'espérais d'ailleurs que le roi d'Angleterre voudrait bien donner le poids à la parole qu'il m'avait engagée, en obligeant la reine de Hongrie et la cour de Saxe, ou de consentir aux prélminaires dont nous étions convenus, ou, si ces deux cours s'y refusent, de ne les aider plus par des subsides, et que je priais surtout milord Harrington de donner des ordres positifs au ministre anglais à Vienne, Robinson, afin que celui-ci m'avertisse par un courrier ou par une estafette de la résolution que la cour de Vienne avait prise, soit qu'elle se prête à ce que nous sommes convenus, soit qu'elle le refuse. Vous ne manquerez point d'instruire bien en détail le sieur Andrié de ce qu'il aura à dire au lord Harrington, en lui enjoignant de me faire au plus tôt possible sa relation sur ce qu'on lui aura répondu là-dessus. Au reste, je veux que vous deviez mander au prince d'Anhalt votre sentiment si celui-ci peut continuer ses opérations en Saxe, sans qu'on puisse nous imputer d'avoir contrevenu aux préhminaires réglés.275-1

Federic.

Nach der Ausfertigung.

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274-1 D. d. Hauptquartier Aujest, 6. September 1745.

274-2 Vergl. S. 283.

275-1 Zur näheren Erläuterung des letzten Satzes dient ein Schreiben Eichels an Podewils, 8. September: „Se. Königl. Majestät seind der Meinung, dass Sie besser thun werden, den Fürsten in seinen Operationen fortfahren zu lassen, wiewohl Sie solches auch nicht positive befehlen, sondern solches auf den Fürsten und auf das Sentiment, so Ew. Excellenz deshalb an diesen geben sollen, ausgesetzet haben.“ Podewils spricht sich in seinem Schreiben an den Fürsten vom 12. September, das er an demselben Tage in einem Berichte an den König näher motivirt, für weiteres Abwarten aus, da niemand dafür stehen könne, „dass der englische Hof, wenn die anter Ew. Hochfürstlichen Durchlaucht Commando stehende Armee in Sachsen einrücket und mit den Operationen daselbst den Anfang machet, solches nicht vor eine Infraction der zu Hannover geschlossenen Préliminairfriedensconvention ansehen, mithin sich von seinen in solcher Convention übernommenen Verbindungen unter dem Prätext los zu machen suchen dörfte, dass der wienerische und sächsische Hof noch nicht refusiret, die Convention anzunehmen, und die Zeit zu kurz gewesen, sich darüber zu expliciren.“