2025. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Camp de Trautenau, 13 octobre 1745.

Mon cher Podewils. Je viens de recevoir votre lettre du 8. Vous êtes si pleinement instruit de mes sentiments que je n'y puis rien ajouter. Je suis très satisfait du ministère anglais, et, selon mes petites remarques, il réussira plus tôt que vous ne le pensez, car sachez que nous sommes des gens avec lesquels il ne fait pas bon de se battre, et, de plus, les Autrichiens ne gagnent rien par la guerre, le pays se ruine des deux côtés. Voilà tout.

Eichel sera échangé avec les prisonniers le 15 ou 16 de ce mois, l'ennemi devient fort souple, et j'ai beaucoup de degrés de probabilité<310> qui me font bien augurer de l'avenir. Les Hollandais semblent également en de bonnes dispositions, et, notre paix faite, la Flandre, le Brabant et l'Italie restent aux Autrichiens comme un prix pour lequel il faut se battre pour le ravoir. Ainsi la guerre se perpétuera, et peut-être le Turc officieux en continuera-t-il l'enchaînement. En attendant, nous jouirons de la paix sous l'ombre de la garantie des Puissances maritimes; cette entrave me paraît si forte que je crois la cour de Vienne hors d'état de la rompre.

Andrié peut signer la paix du moment que Vienne sera redevenue flexible; je montre beaucoup de modération à l'Europe, peut-être cela fera-t-il revenir le public sur l'idée d'une ambition trop vaste qu'il me prête.

Vous pouvez débiter d'avance que j'entrerai le 20 en cantonnement sur mes frontières; il faut tirer le diable par la queue étrangement pour subsister. Votre éloignement vous empêche de voir toutes les difficultés qu'il nous faut vaincre pour faire seulement ce que nous faisons.

Adieu. Si malheur ne m'arrive, je serai sans faute le 3 de novembre à Berlin.

Je suis avec estime votre fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.