2035. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Quartier général de Rohnstock, 23 octobre 1745.

La relation que vous m'avez faite le 8 de ce mois, m'a été bien rendue. Comme je viens d'avoir l'avis de Francfort que les Autrichiens n'ont pas accepté les préliminaires de la paix entre moi et la reine de Hongrie dont on est convenu à Hanovre, et que j'apprends d'autre part qu'ils vont détacher un corps de troupes vers la Bohême, pour y renforcer leur armée, il est temps à présent que vous demandiez au lord Harrington une explication catégorique de ce que j'ai lieu d'attendre de l'Angleterre, de subsides ou de quelque nature que ce pourra être. Vous témoignerez au lord Harrington qu'il comprendrait facilement que c'était à présent le temps pour prendre les arrangements pour la campagne prochaine, et qu'ainsi il n'y avait pas un moment à perdre dans ce que l'Angleterre voulait faire pour moi; vous ajouterez tout ce que vous trouverez convenable, afin d'avoir au plus tôt possible une résolution finale et catégorique dudit milord, et, en cas de subsides, vous devez tâcher de me négocier toute une année d'avance. Vous direz de plus au lord Harrington que les six bataillons que j'avais offerts à<318> Sa Majesté Britannique pour s'en servir contre les entreprises iniques du Prétendant, seraient prêts à pouvoir être embarqués, d'abord que ma paix serait faite avec la reine de Hongrie; que même, si ces troupes n'étaient pas suffisantes, je m'offrais de les augmenter encore alors par un nombre plus considérable, toujours sous la condition expresse qu'on ne s'en servirait autrement qu'uniquement en Écosse ou en Angleterre, contre les entreprises du Prétendant, et qu'aussitôt que le repos y serait rétabli et le Prétendant chassé, il fallait alors me renvoyer mes troupes sans s'en servir contre quelque autre puissance. Que Sa Majesté Britannique verrait par là comme je la prévenais dans une chose à laquelle je me croyais obligé par les engagements que j'avais avec la couronne d'Angleterre; que, si je n'avais pas fait la même chose il y a environ deux années,318-1 ce n'avait été que puisqu'il n'y avait pas eu alors d'ennemi qui eût actuellement attaqué la Grande-Bretagne. Au reste, dans la situation où je suis présentement avec l'Angleterre, vous devez prier le milord Harrington pour qu'on donne des ordres au ministre britannique, à Vienne, le sieur Robinson, afin que celui-ci dût m'avertir directement à Berlin de la réponse que la cour de Vienne lui aura faite sur notre accommodement, puisque autrement il fallait un temps infini avant que je puisse être informé de cette réponse, s'il fallait que je la susse par la route de Londres; que je ne doutais pas que le roi d'Angleterre ne voulût bien me faire ce plaisir-là, que je le regarderais comme une marque de sa bonne intention qu'il avait pour moi sur ce sujet-là. Vous ne manquerez pas de me faire au plus tôt possible une relation bien fidèle et détaillée de ce que milord Harrington vous aura répondu sur tous les sujets susmentionnés. Et sur cela, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



318-1 Vergl. Bd. III, 104.