2043. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

[Rohnstock], ce 29 octobre 1745.

Mon cher Podewils. Je pars demain d'ici; l'armée autrichienne s'est enfin séparée, et du Moulin a pris congé de Frenquiny en le rossant d'importance pour la bonne bouche.

J'espère que Woronzow ne se sera point impatienté à Berlin ; il faut se surpasser à son égard en politesses et civilités.

A présent, toutes nos affaires iront bien, et puisque je gagne de la tranquillité pour mon armée, vous pouvez compter que notre paix est faite. Toute la frontière de Bohême, jusqu'à douze milles de la Silésie, est si bien abîmée que pas une âme n'y peut subsister. En cas que la guerre continue, les Autrichiens auront plus de peine à la soutenir que moi: enfin, j'ai réussi en tout ce que je me suis proposé, cette année, pour la campagne, et je reviens dans ma patrie avec l'esprit tranquille, ayant satisfait à mes devoirs, et laissant, grâce au Ciel, tout en bon état. Quant à mes chagrins domestiques, c'est un calice dont je bois tout seul l'amertume, et dont le public ne souffre point. J'espère de vous revoir le 1er; si vous voulez venir à six heures au château, ou j'y serai déjà, ou j'arriverais incontinent.

Les arrangements que j'ai eu à faire sur les frontières, les incertitudes où j'étais sur le parti que les ennemis prendraient, et les affaires que j'ai avec les régiments et le détail de l'armée, tout cela m'a empêché d'aller à Breslau, où ma présence ne pouvait être d'utilité que pour rassurer encore plus les esprits.

Adieu, je suis avec bien de l'estime votre fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.