2049. AU MARÉCHAL DE FRANCE COMTE DE SAXE A GAND.

Potsdam, 6 novembre 1745.

Monsieur. L'approbation d'un connaisseur comme le comte de Saxe est très flatteuse pour moi et pour mon armée.327-1 Vos lettres ont encore l'avantage de pouvoir servir d'instruction; les réflexions y sont profondes et justes, ce qui me persuade plus que jamais que dans chaque pays il faut faire une espèce de guerre différente, et que les mauvais succès n'arrivent pour l'ordinaire à la guerre que faute d'avoir choisi avec trop peu de discernement et de connaissance le genre d'opérations le plus convenable au pays où l'on doit agir.

Il me semble que les troupes légères de la reine de Hongrie peuvent assez se comparer aux Parthes. Leur façon de combattre est la même, ils désolent en ce qu'on ne saurait les atteindre ni les obliger à tenir ferme; ils sont redoutables aux équipages et dangereux aux vivres d'une armée, surtout dans un pays où il n'y a aucune rivière<328> navigable et où l'on se trouve obligé de faire venir les subsistances par des gorges de montagnes et par des défilés très difficiles.

Je vous suis infiniment' obligé du plan d'Ath que je viens de recevoir. Je fais des vœux pour que votre santé se rétablisse entièrement: c'est à assurer à la France une suite de nouvelles prospérités et à vous une nouvelle moisson de lauriers, auxquels personne ne s'intéresse plus que etc.

Federic.

Nach dem eigenhändigen Concept



327-1 In dem Gratulationsschreiben des Marschalls zu dem Siege von Soor, Gent 16. October, heisst es u. A. : „La supériorité du nombre de vos ennemis a cédé, Sire, à votre habileté et à celle de la qualité de vos troupes. Ce dernier événement justifie l'idée avantageuse qui m'a toujours fait dire, depuis que je les connais, qu'il n'y en a point qui puisse leur être comparé. La façon dont l'armée de Votre Majesté est composée et disciplinée doit nécessairement lui assurer des victoires. Ce que nous avons fait en Flandre, quoique considérable, n'approche point du brillant de la campagne pendant le cours de laquelle vous avez donné, Sire, deux batailles et remporté deux grandes victoires.“