2051. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

[Potsdam], ce 7 [novembre 1745] au matin.

Mon cher Podewils. Par les lettres du 5 que je reçois de la Silésie, il paraît qu'un corps d'Autrichiens s'approche de la Lusace. Ne serait-ce point pour nous attaquer par cette lisière, et, en cas qu'ils soient battus et poursuivis dans la Lusace, que ces gens le fissent exprès pour nous mettre aux mains avec la Russie? Je ne sais ce que j'en dois penser, mais il me semble qu'il y a quelque projet caché de la part des ennemis; et l'idée que je leur prête, ne serait pas tant mal imaginée.

En ce cas-là, ma foi, je suis autorisé à poursuivre mon ennemi partout où je le trouve, et tout ce qui pourrait arriver de pis, serait que la Russie assistera la Saxe six mois plus tôt.

Je suis dans de grandes inquiétudes; mais si tout reste coi en Silésie, nous nous tirerons d'affaire; sinon, je crains bien que les Anglais et nous-mêmes ne saignions du nez.

Cela ne s'appelle pas vivre, mais mourir tous les jours mille fois, que de passer toute sa vie dans des inquiétudes et dans une crise de dix-huit mois.

Je suis votre fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.