2094. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Bautzen, 7 décembre 1745.

Mon cher Podewils. Je suis encore dans l'incertitude si vous ferez ce voyage utilement ou sans fruit; il se peut que les Saxons ont en dessein de m'amuser, pour se faire joindre à Pirna par un détachement de l'armée hongroise; il se peut aussi que, pour sauver la Saxe de sa ruine totale, le roi de Pologne se soit rendu à la modération. Nous apprendrons dans trois jours le secret de la comédie; en attendant, le prince d'Anhalt va joindre demain, à Meissen, son aile gauche à mon aile droite, de façon que je le renforcerai considérablement, et nous poursuivrons de cette façon notre marche jusques à Dresde et chasserons les Saxons de la Saxe.

Je n'ai rien à me reprocher, car je donne toutes les facilités à mes ennemis pour sortir d'embarras; s'ils ne le veulent point, je serai forcé à les écraser.

Nous avons ici fait désarmer tout le monde, le peuple est porté pour nous, tout le pays est mécontent de Brühl, et chacun me rend la justice que je ne suis pas la cause des calamités qui touchent ce pays.

D'Écoville n'est point arrivé encore,364-1 je crois qu'il a fait le grand tour par la Silésie; à présent on peut passer par Cottbus, toute cette partie est nettoyée d'ennemis, et les- chemins sont sûrs. J'aime mieux<365> de revenir à Berlin avec la paix qu'avec la victoire, peut-être le Ciel secondera-t-il mes voeux. Adieu, si cette lettre vous trouve encore à Berlin, faites mes compliments à tous mes amis; sinon, continuez votre voyage tranquillement à Bautzen et soyez persuadé que je suis votre fidèle ami

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.



364-1 Vergl. S. 298. 372.