<121> le ministre en question, au retour du comte Woronzow, et avant que les Diètes en Suède et en Pologne commençassent, et je suis bien persuadé que nos affaires parviendront par là sur un fort bon pied, mais je crains fort que nous n'y réussissions pas, puisque, outre la faiblesse extrême de la souveraine, le comte Woronzow me paraît un homme très timide, plein de pensées tristes et obscures, et qui prend plus à cœur le soin de sa santé que les affaires de sa patrie; du moins passe-t-il, partout où il a été, pour un homme de peu de génie et dont on aura à craindre que, quand il sera de retour à Pétersbourg, il ne plie devant la grande puissance du Chancelier, qu'il ne fasse son accord avec celui-ci et ne laisse aller les affaires comme elles pourront. Je ne doute presque plus que l'intention du ministre ne soit de culbuter sa souveraine, et je plains extrêmement cette bonne Princesse de ce qu'elle donne tant d'aisance à ceux qui n'ont à tâche que de la perdre, mais je suis aussi persuadé que, s'il y a de la révolution, on n'en restera pas à une seule, et qu'il s'en suivront plusieurs, l'une après l'autre, ainsi qu'on ne pourra point faire un système fixe avec ces gens-là, mais vivre seulement avec eux du jour à la journée. Quant à votre rappel, je nommerai mon ministre en Suède, le comte de Finckenstein, à votre place, mais je saurai assez traîner l'affaire et lui ferai faire de si grands détours que vous aurez du temps de reste pour attendre le retour du comte Woronzow.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


2262. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Oranienburg, 6 juillet 1746.

Vos relations des 21, 24 et 28 du mois de juin passé m'ont été rendues à la fois. Comme je vous ferai savoir mes intentions, concernant les différentes matières y comprises, par mes ministres du département des affaires étrangères, je n'ai qu'à vous dire que je trouve fort inconsidérée la réponse que vous avez donnée à milord Harrington, lorsque celui-ci vous a parlé de la nouvelle de la bataille donnée en Italie entre l'armée autrichienne et celle des Français et ses alliés,1 et le silence que ledit Milord a tenu là-dessus, vous aurait dû faire assez remarquer combien il a été révolté de votre étourderie, fort malséante à un ministre d'une puissance neutre;2 aussi vous ordonné-je de mieux penser, à l'avenir, à ce que vous dites et faites, et de paraître plutôt



1 16. Juni bei Piacenza.

2 Andrié berichtet, 28. Juni: „Harrington m'ayant parlé en passant, ce matin, de cette nouvelle, je lui ai répondu que cet événement n'empêcherait pas l'infant Don Philippe d'avoir un établissement en Italie, moyennant la paix de l'Angleterre avec l'Espagne, et que j'étais persuadé qu'il pensait comme moi. C'est à quoi il n'a pas trouvé à propos de répliquer.“