<125> faveur de la Russie, dès qu'elle sera entrée en lice; qu'on fait faire pour cela des insinuations aux Lithuaniens et Polonais qu'ils doivent craindre une irruption de ma part, afin qu'ils donnent plus facilement les mains à l'augmentation de l'armée de la couronne et aux projets de leur Roi. On y ajoute que le courrier de Lœben n'est pas venu à Pétersbourg et qu'il était vraisemblable que la grande négociation se traitât à Dresde par le grand-maréchal comte Bestushew. Autant que je puis juger de toutes ces circonstances, il me semble que l'intention de ces gens-là et surtout des Autrichiens et des Saxons doit être de ne pas m'attaquer d'abord, mais d'attendre la paix générale, pour venir m'assaillir alors de toutes leurs forces. Je ne vous mande cependant tout ceci que pour vous mettre d'autant plus sur les voies, afin de pouvoir approfondir, là où vout êtes, ce qui en peut être vrai ou non.

Sur ce que vous me dites qu'il pourrait fort convenir à mes intérêts que j'eusse quelqu'un de ma part à Munich qui eût du crédit pour y rectifier la cour, il faut que je vous réponde que je ne vois pas à quoi cela me servirait, aussi longtemps que la France ne veut point du tout donner de subsides, et que les autres en offrent à la Bavière. Mais je trouve plutôt à propos que vous entreteniez une correspondance précise avec le comte de Preysing, et que vous lui envoyiez pour cela un chiffre par un courrier, pour l'envoi duquel je vous paierai les frais.

Federic.

Nach dem Concept.


2267. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Rheinsberg, 9 juillet 1746.

Je viens de recevoir la dépêche que vous m'avez faite le 25 du mois de juin passé. Bien que j'aie trouvé des choses assez curieuses dans le post-scriptum de cette relation, il faut cependant que je vous dise que vous vous amusez souvent un peu trop à me rapporter de petits faits et discours qu'on a tenus dans la chambre de l'Impératrice, qui, dans un autre temps, ne laisseraient pas de me plaire, mais qui, dans un temps aussi épineux et critique comme le présent, ne me paraissent guère intéressants; et comme c'est présentement le Grand-Chancelier qui manie les affaires, et que la souveraine n'y entre que pour peu de chose, vous devez plutôt vous attacher à celui-ci et chercher à approfondir soigneusement ce qu'il fait, ce qu'il pense, et de quelle façon et par quels motifs il se conduit, pour m'en faire des rapports détaillés. J'approuve fort que vous m'ayez averti d'abord de l'avis qu'on vous a donné, comme s'il y avait maintenant grande apparence que la Russie me ferait la guerre, vu que le Chancelier avait plus d'espérance que jamais d'y porter l'Impératrice. J'aurais souhaité que vous m'eussiez exposé en même temps les motifs par lesquels l'Impératrice pouvait