<154> croit que je pourrais trouver peut-être quelque expédient pour remédier à tout cela, il parle d'une chose plus facile à dire qu'à mettre en œuvre, et à laquelle il n'y a pas même moyen de penser, avant que les opérations de cette campagne ne soient finies, pour voir le tour que les affaires prendront.

Federic.

P. S.

Vous direz au marquis d'Argenson, quoique d'une manière fort polie, que je n'aimais pas à parler sans effet et sans que je sois en état de donner le poids aux paroles; que les conjonctures présentes ne me permettaient pas de soutenir quelque chose par la force, ayant d'un côté les Russes à dos, et par devant moi les Autrichiens, contre lesquels, s'ils se joignaient tous deux contre moi, je ne saurais suffire. D'ailleurs, quelque confiance que la France ait mise aux Saxons, j'étais assuré que c'étaient de faux frères qui ne manqueraient pas de se joindre aux Russes et Autrichiens, quand je serais aux prises avec eux.

Vous ferez au reste force protestations d'amitié audit marquis, et combien je souhaitais toute sorte de bien à la France. Vous n'oublierez pas de lui rafraîchir la mémoire, quoique d'une façon bien délicate, par rapport au peu d'assistance que j'avais eue de la France et combien elle m'avait négligé dans le temps passé.

Nach dem Concept.


2301. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Neisse, 5 août 1746.

La dépêche que vous venez de me faire en date du 30 du mois de juillet passé, m'a été rendue. Il est sûr que l'événement de la mort du roi d'Espagne1 influera beaucoup dans les affaires générales; mais si la cour de Vienne s'en promet déjà de plus grands avantages, il sera à voir encore si elle gagnera au changement. Il est sûr que le nouveau roi d'Espagne a écrit une lettre au roi de France dont on a paru fort content à Versailles, et d'ailleurs, le ministre de France à Madrid, l'évêque de Rennes, doit avoir mandé à sa cour que le nouveau roi d'Espagne lui avait dit qu'il soutiendrait les engagements du feu Roi son père et qu'il avait envoyé ordre en Italie d'agir dans le plus grand concert avec les Français. Ceux qui croient connaître ce nouveau Roi, disent que ce n'est pas un génie supérieur, mais qu'il a pourtant bon esprit, et qu'il a le caractère espagnol. Il n'est pas à douter que l'Angleterre tâchera de se le concilier par toutes sortes de moyens; mais comme la France fera tout son possible pour conserver le crédit qu'elle a eu jusqu'ici à la cour de Madrid, ce sera un défi entre ces deux puissances à qui l'emportera?



1 Philipp V., † 9. Juli.