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2303. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 13 août 1746.

J'ai été fort content de la relation détaillée et intéressante que vous m'avez faite en date du 26 du mois de juillet par rapport aux affaires de la Russie. Il sera ä voir si le ministre soutiendra son système d'iniquité, dont il n'y a guère d'exemple dans toute l'histoire du temps présent et passé, et qui est pourtant si mal compassé qu'il est à croire qu'il s'écroulera de soi-même et écrasera son auteur sous ses ruines.

Federic.

Nach dem Concept.


2304. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Potsdam, 15 août 1746.

J'ai reçu les relations que vous m'avez faites en date du 2 et du 5 de ce mois. Je suis fort mal édifié de ce que vous ne mettez dans la plupart de vos relations que des nouvelles générales, qui le plus souvent m'importent fort peu, sans que vous touchiez un mot des affaires graves dont je vous ai chargé, et d'autres choses qui me pourront être bien plus intéressantes que tout ce petit détail dont vous faites l'unique objet de vos relations. Vous devriez faire l'un, sans négliger l'autre, et ne pas laisser passer dans un temps si critique comme celui-ci un seul jour de poste, sans me mander quelque chose d'intéressant. Pour vous mettre donc en voie comment je veux que vous me fassiez vos relations, je vous dirai qu'après m'avoir marqué l'état où sont les affaires que je vous ai commises, vous devez entrer encore dans d'autres détails sur des affaires qui ont du rapport à mes intérêts et que vous devez tâcher à bien approfondir : savoir ce que le ministère anglais pense sur la Diète qu'on va tenir en Suède, de même que sur les armements présents de la Russie; si la Grande-Bretagne y entre pour quelque chose, si elle fournit sous main de l'argent à la Russie pour l'aider à faire ces démonstrations-là, et si son idée est de me brider et me tenir en échec par là, afin que je ne puisse pas remuer, ou si elle en a d'autres vues plus vastes. Si les Anglais sont piqués contre la cour de Dresde, parceque celle-ci a fait un traité de subsides avec la France, pour observer une exacte neutralité pendant cette guerre-ci et pour ne point donner de troupes à ses ennemis. Si le roi d'Angleterre est aussi piqué que la nation contre la cour de Vienne de ce que celle-ci a envoyé le prince Charles aux Pays-Bas pour y commander l'armée alliée. Si le ministère anglais a de la confiance en moi ou non. Si les relations que son ministre à ma cour, le sieur de Villiers, fait, me sont favorables ou non, et quelles impressions elles font sur le ministère. Si vous êtes persuadé qu'on tiendra fermement à la convention d'Hanovre et me soutiendra dans la possession de la Silésie, ou si l'on n'a fait cette con-