<163> cour peut prétendre avoir pour tâcher à indisposer contre moi la cour de Pétersbourg, c'est apparemment une de plus fortes qu'elle est toujours dans l'appréhension que je ferai encore quelque diversion à elle en faveur de la France, et surtout si celle-ci se voyait pressée par ses ennemis, et qu'ainsi elle voudrait bien que la Russie me tenait en échec. Sur ce qui est des mouvements que les troupes russiennes paraissent vouloir faire vers l'Ucraine et vers la Pologne, il se peut que les cours de Vienne et de Pétersbourg soient convenues que les Russes feront marcher un corps de troupes en Allemagne, ou pour se joindre aux troupes autrichiennes qui sont assemblées au Haut-Rhin, ou pour les Pays-Bas, en cas que l'armée alliée y eût quelque échec, et que, pour ne pas laisser ce vide-là en Livonie, les Russes le veulent remplir par ces troupes qui sont restées jusqu'ici dans leurs autres provinces. J'avoue cependant que je ne saurais encore m'imaginer que les engagements de la Russie avec la cour de Vienne soient allés si loin. Un temps de quatre semaines nous doit éclaircir sur toutes ces affaires-là.

Vous m'avez demandé, par votre relation du 12 du juillet passé, si avant votre départ de Pétersbourg vous deviez brûler tous mes ordres immédiats avec d'autres papiers de pareille conséquence. J'en conviens fort et crois que ce sera le moyen le plus sûr pour ne point exposer ces papiers-là. Ce qui me reste à vous dire, c'est que vous ne deviez pas oublier à m'acheter, avant votre départ de Pétersbourg, les deux pelisses de renards noirs que je vous ai déjà commandées il y a longtemps, et que vous pourrez me porter alors vous-même.

Federic.

Nach dem Concept.


2311. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.

Potsdam, 21 août 1746.

J'ai reçu les deux dépêches que vous m'avez faites en date du 16 et du 17 de ce mois. Vous avez bien fait de me rapporter ce qui vous est revenu du sieur Lubinski, touchant l'entrée que les troupes russiennes doivent faire en Pologne; je crois cependant que les nouvelles qu'il en a eues ne sont guère plus exactes que celles qui m'en sont parvenues jusqu'ici; au moins est-il faux ce qu'on lui a mandé de Courlande.

Vous jugez fort bien que ce que le père Guarini a dit à votre ami et au comte de Bene, n'a pas été son tout de bon;1 je sais que le Chancelier s'est servi des mêmes prétextes pour colorer ses démarches, mais il est à croire qu'il y a quelque autre dessous de



1 Nach Guarini sollte die Missstimmung der Kaiserin von Russland gegen Preussen durch die preussisch-schwedische Allianzverhandlung veranlasst sein.