<171> resserrer étroitement la bonne amitié qui subsiste entre nous, ne pourrait pas manquer de se refroidir, si le ministère de Vienne employait tout son temps pour me faire des chicanes; que c'était une triste occupation pour les ministres de l'Impératrice-Reine de s'occuper à chicaner avec un prince voisin qui n'avait eu d'autre intention que de vivre en bonne amitié et en bonne harmonie avec leur souveraine; mais que, s'il n'y avait autre moyen, on les laisserait crier tant qu'ils voudront, sans y faire plus d'attention.

Je laisse à vous d'arranger tout cela pour en faire une réponse aussi modérée que nerveuse; et s'il y a encore dans vos papiers quelques circonstances dont vous puissiez vous servir pour rendre cette réponse d'autant plus solide, vous n'oublierez pas d'en faire usage. Vous examinerez aussi avec soin qu'il n'y entre quelque chose que la cour de Vienne puisse retorquer à nous.

Au surplus, ma volonté est que vous deviez faire alors un extrait et le donner au sieur de Villiers, pour que celui-ci le puisse communiquer à milord Harrington et lui faire des insinuations convenables là-dessus. Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


2321. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

[Potsdam], 31 août 1746.

L'impertinent mémoire du comte de Harrach1 est une suite de l'alliance défensive conclue entre la Russie et la reine de Hongrie. Ces gens peuvent avoir trois objets: l'un, d'obtenir par hauteur les choses qu'ils désirent; l'autre, de se servir de ma réponse négative pour ne point porter le décret comitial2 à la Diète; le troisième, de me piquer, d'allumer mon esprit, assez fier pour ne point endurer leur hauteur, et de me porter, à force de chicanes, à rompre avec eux, pour se servir de l'alliance de la Russie.

Ils ne réussiront ni dans le premier ni dans le dernier de leurs projets; quant au second, il me vient encore une idée, qui est d'écrire a Podewils qu'on ne répondrait à leurs mémoires que lorsqu'ils auraient accompli leurs engagements et porté à la Diète le décret de commission. Comme j'ai la tête échauffée aujourd'hui, et que mon esprit est étrangement aigri, je soumets toutes mes réflexions au phlegme de votre esprit et au calme de vos passions. Cependant instruisez votre neveu, et qu'il réponde avec dignité à cet infâme mémoire; pour moi, je suis résolu de n'y faire aucune attention, puisque toute la raison est de mon côté.



1 Vergl. die vorige Nummer.

2 Wegen der Reichsgarantie des Dresdner Friedens.