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2333. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 7 septembre 1746.

Pour répondre sur les relations que vous m'avez faites hier, je vous dirai que vous devez faire insérer aux gazettes quelque article au sujet de la déclaration que le baron de Biilow a faite touchant la demande du roi de Pologne d'être dispensé de recevoir des gardes et d'autres honneurs et distinctions, afin que le public ne regarde pas comme un manque d'attention et d'égard ce qui ne se fait que selon le désir exprès de Sa Majesté Polonaise. Quant au sieur Schriever, je ne vois pas par quelle bonne raison je devrais le gratifier de quelque somme d'argent. C'est bien un homme habile, mais il ne s'en suit pas que je devrais subvenir aux frais de ses voyages, pour ne pas parler des soupçons violents que cela inspirerait à la Russie, comme s'il y avait eu quelque chose entre nous pendant le temps qu'il a été encore en son service. La réflexion que vous avez faite au marquis de Valory touchant la situation des pays de la France et des miens, a été à pure perte et vous auriez bien pu vous en passer. Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


2334. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOVÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Graf Otto Podewils berichtet, Wien 31. August: „Les procédés que cette cour a à l'égard de Votre Majesté depuis la conclusion de l'alliance [avec la Russie], tant dans l'affaire de la garantie de l'Empire que par rapport à la satisfaction qu'Elle lui a demandée sur le livre scandaleux qui a pour titre Politische Historie,1 et la déclaration qu'on vient de Lui faire touchant le comte de Henckel, joints au changement que je remarque dans la manière dont on en use à mon égard, le retardement de l'envoi du général Bernes, qui commence à me paraître fort affecté, et les mauvaises manières qu'on a envers l'Electeur palatin, me font soupçonner qu'en contractant l'alliance avec la Russie, on a eu des vues plus étendues que celles de s'assurer simplement du secours contre Votre Majesté. Il m'a été assuré d'ailleurs que cette cour s'est donné beaucoup de mouvements pour engager l'impératrice

Potsdam, 9 septembre 1746.

Je vous sais bon gré que vous m'ayez exposé tout naturellement, par la relation que vous m'avez faite en date du 31 d'août passé, les conjectures que vous avez faites, tant par rapport à la conduite que la cour de Vienne tient depuis peu à l'égard de moi, que sur les différents sujets que vous y touchez encore, et vous avez fort bien fait de m'en avertir. Je crois en général vos soupçons bien fondés, je suis cependant persuadé que, nonobstant que la cour de Vienne ait pu avoir des vues bien plus étendues que celles de s'assurer du secours contre moi en contractant



1 „Politische Historie der Staatsfehler, welche die Europäischen Mächte in Betrachtung der Häuser Bourbon und Brandenburg begangen.“ S. 1. 1746. 40. Als Verfasser wurde dem Gesandten der Hofrath von Fritsch genannt.