<181>
 

elle donnerait lieu aux Français de se servir des mêmes raisons contre l'Angleterre, dans l'affaire des rebelles d'Écosse.

Federic.

P. S.

Souhaitant fort de savoir sur quel pied la cour de Dresde peut être à présent avec celle de Vienne, et si cette étroite intelligence qu'il y a eu autrefois entre ces deux cours s'est altérée par la démarche que la Saxe a faite en contractant son traité de neutralité et de subsides avec la France, ma volonté est que vous deviez tâcher à bien approfondir cet article-là, pour m'en pouvoir faire votre rapport avec toute l'exactitude possible. Vous tâcherez à bien démêler si la cour de Vienne a été choquée du traité en question, ou si elle l'a regardé avec indifférence, croyant peut-être de n'avoir pas besoin des troupes saxonnes; ou si peut-être elle aime à voir que la Saxe tire des subsides de la France, pour qu'elle rétablisse par là ses troupes, afin que l'Impératrice-Reine s'en puisse servir un jour pour les vues qu'elle pourra avoir contre moi. Sur quoi vous devez me faire un rapport bien juste. Au surplus, comme vous avez remarqué du changement dans les manières dont les ministres de Vienne usent à votre égard, je voudrais bien savoir en quoi ce changement consiste. En attendant, vous vous garderez bien de plier devant eux, et si ces ministres font les impertinents ou les arrogants vers vous, vous devez leur répondre sur le même ton et ne point du tout leur marquer ni faiblesse ni timidité.

Federic.

Nach dem Concept.


2335. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 12 septembre 1746.

J'ai reçu la relation que vous m'avez faite en date du 3 de ce mois. Bien que je sois tout-à-fait persuadé de la très mauvaise volonté de la cour de Vienne à mon égard, j'ai cependant de la peine à me persuader qu'elle soit déjà fort proche à mettre en exécution ce qu'elle médite là-dessus. Je fais peu d'attention sur ce que le public à Vienne parle sur ce sujet-là, et ce que Henckel en a dit ne doit guère vous embarrasser, puisque ce frénétique n'écoute que ce que sa rage lui dicte, et la furie qui le travaille ne lui laisse entrevoir les choses autrement que selon qu'il les souhaiterait qu'elles fussent. De quel côté que je regarde les affaires, il me semble que la cour de Vienne, malgré son envie extrême qu'elle a de me tomber sur le corps, sera fort en peine de le mettre en exécution; si l'Angleterre serre les cordons de la bourse, il n'est guère probable que, quand même les engagements de la Russie avec la cour de Vienne seraient offensifs, celle-là serait en état de fournir aux frais qu'une telle guerre coûte. D'ailleurs, la paix générale