<194>bourg; c'est pour quoi je vous ordonne — après avoir parlé encore une fois audit comte, pour vous acquitter de ce que je vous ai ordonné ci-dessus — de partir deux ou trois jours après la reçue de cette ma dépêche.

J'aurais bien souhaité d'avoir avant l'hiver qui vient les pelisses de peaux de renards noirs que je vous ai commandées il y a déjà un an passé; mais en tout cas il me sera indifférent par quelle voie vous me les ferez venir, et quant au prix, je paierai ce qu'on en paie ordinairement.

Federic.

Nach dem Concept.


2353. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 26 septembre 1746.

J'ai reçu votre relation en date du 17 de ce mois. Vous faites fort bien de me mander naturellement tout ce que vous apprenez par rapport aux desseins que la cour où vous êtes peut avoir contre moi, et je suis certain qu'il n'est pas possible qu'on puisse avoir plus de mauvaise volonté contre quelqu'un que les Autrichiens ont contre moi; aussi vous souviendrez-vous de ce que je vous en ai dit moi-même avant votre départ de Berlin, et cela va même bien au delà de ce que vous pouvez vous en imaginer. Mais nonobstant cela, les effets en seront suspendus par plusieurs raisons, que je vais vous détailler. Premièrement, puisque je puis vous mander à présent comme chose sûre que les troupes russiennes assemblées en Livonie et ailleurs vont se séparer et qu'elles iront retourner dans leurs anciens quartiers. On m'avertit d'ailleurs d'assez bon lieu que, si même il me tombait dans l'esprit d'entamer la reine de Hongrie, la Russie, malgré ses nouvelles liaisons, ne ferait ni plus ni moins alors, et que les Autrichiens n'en tireraient point parti. Secondement, parcequ'il s'en faut beaucoup que ces gens aient présentement assez de forces à leur disposition pour venir m'attaquer; et quand même ils rassembleraient tout ce qu'ils ont de troupes en Hongrie, Bohême, sur le Haut-Rhin et dans l'Empire, j'ai à mon tour dans la Silésie seule plus de forces à leur opposer. En troisième lieu, j'ai bien lieu de présumer que, si les Autrichiens venaient à rompre de but en blanc avec moi, les Saxons ne s'en mêleraient du tout.

La quatrième raison est que l'Angleterre me donne tout nouvellement une garantie sur la Silésie bien plus forte que celle que j'en ai eue avant celle-ci. En cinquième lieu, j'ai toutes les assurances de l'Angleterre qu'elle ne fera jamais la paix, soit générale soit particulière, sans mon inclusion; et sixièmement, quand une fois la paix générale sera faite de cette manière, vous conviendrez qu'il n'y a pas d'apparence que les Autrichiens rompront si légerement avec moi, bien que je sois