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2356. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 27 septembre 1746.

Bien que j'aie eu toujours lieu d'être satisfait des relations que vous m'avez faites jusqu'à présent, néanmoins celle que vous m'avez envoyée en date du 16 de ce mois, m'a paru surpasser toutes les autres, dont aucune ne m'a donné autant de satisfaction que celle-ci, l'ayant trouvée très bien raisonnée, pleine de bonnes raisons et tout parfaitement bien pensée. Ce que je vous recommande au surplus, c'est que vous devez prendre une occasion favorable et vous servir de l'exemple des Génois, du duc de Modène et de l'électeur de Bavière, pour marquer fort adroitement à Messieurs les ministres de France avec combien de légèreté ils abandonnent leurs alliés, et que cela n'était pas le moyen le plus propre de s'attacher dorénavant des gens. Vous observerez cependant bien qu'en exécutant ce que dessus, vous vous y prendrez d'une façon la plus fine et la plus sage que vous pourriez imaginer, et faire cette insinuation avec beaucoup de prudence et d'adresse, afin que lesdits ministres n'en soient pas révoltés ni aigris, et qu'ils sentent pourtant ce que le monde pense sur leur façon d'agir avec leurs alliés; en quoi je me remets tout-à-fait sur votre sagesse et dextérité.

Federic.

Nach dem Concept.


2357. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 30 septembre 1746.

J'ai bien reçu la relation que vous m'avez faite en date du 23 de ce mois. Je suis très content et plus satisfait de cette relation que je n'ai été de toutes les autres que vous m'avez faites, puisque vous y entrez dans un plus grand détail; et les affaires de cette conséquence demandent toujours qu'on en ait connaissance jusques aux minuties; ce qui vous doit servir de règle dans le détail de toutes les grandes affaires que vous serez obligé de me faire.

Les mouvements que les Autrichiens vont faire à présent, se font assurément dans l'intention de mettre leurs États à l'abri de toute insulte; ils supposent que les changements de quartiers de mes troupes en Silésie contiennent quelque mystère, et c'est là l'unique raison de la conduite qu'ils tiennent jusqu'à présent. Vous devez savoir que les matériaux pour la paix générale ne sont pas encore préparés au point que nous puissions en attendre la conclusion entre ici et le printemps. Les esprits sont trop animés, et la haine sincère que le roi d'Angleterre nourrit contre les Français, me donne tout lieu à croire qu'il fera tous les efforts, dans la campagne qui vient, pour se procurer sur cette couronne les avantages dont il se flatte. Vous ne devez point être étonné