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2433. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Potsdam, 25 novembre 1746.

La relation que vous m'avez faite le 8 de ce mois, m'a été rendue à la fois avec celles du 11 et du 15, par lesquelles vous m'avez appris l'événement inattendu de la démission volontaire de milord Harrington de sa place de secrétaire d'État, à laquelle le lord Chesterfield vient à succéder. Les sentiments que milord Chesterfield vous a témoignés à mon égard, lorsque vous l'avez entretenu depuis qu'il est dans son nouveau poste, m'ont fait beaucoup de plaisir; aussi devez-vous à présent lui faire de ma part et en mon nom le compliment le plus obligeant et le plus poli que vous sauriez imaginer, en l'assurant de la parfaite estime que j'avais eue toujours pour lui, et qu'il voudrait bien se souvenir des témoignages que je lui en avais fait donner par le comte de Podewils, mon ministre résidant alors à la Haye, lorsque Milord y avait été la dernière fois.1 Vous ajouterez à cela qu'il était vrai que milord Harrington avait été fort de mes amis, et que je devrais avouer de bonne foi que c'était lui principalement qui, par sa façon d'agir avec moi, m'avait porté à rentrer avec Sa Majesté Britannique dans les liaisons où j'avais la satisfaction d'être actuellement avec elle; que j'espérais de lui qu'il voudrait bien agir de la même façon envers moi et être de mes amis, tout comme il pourrait être assuré de ma part que toutes les occasions me seraient infiniment chères où je pourrais lui prouver la sincérité des sentiments d'amitié et d'estime que j'avais pour lui. Que, pour lui donner la première marque de la confiance que j'avais mise en lui, je ne voudrais point lui cacher que j'avais remarqué en différentes occasions que les ministres britanniques aux cours étrangères n'avaient point été jusqu'ici suffisamment instruits de tout ce que Sa Majesté Britannique avait fait avec moi : témoin milord Hyndford à Pétersbourg, qui avait désavoué hautement la garantie que l'Angleterre m'avait donnée de nouveau sur mes acquisitions de la Silésie, jusq'au jour même où mon ministre à Pétersbourg reçut la copie de l'acte qui en a été expédié. Que milord Chesterfield ne disconviendrait pas qu'un tel manque d'instructions ne saurait que causer des négociations bien discordantes, et que j'espérais donc de son amitié et de sa droiture qu'aussitôt que son temps le permettrait, il voudrait bien instruire les ministres anglais aux cours étrangères, afin qu'il n'y ait plus de pareils contrastes et de négociations contrariantes sur des affaires dont j'étais convenu avec l'Angleterre. Vous vous acquitterez avec soin de cette commission-ci et n'oublierez pas de me faire un rapport bien exact de tout ce que milord Chesterfield vous aura répondu là-dessus.

Federic.

P.S.

Je ne saurais m'empêcher de vous communiquer les copies ci-closes de deux lettres qui viennent d'être écrites de Londres à quelqu'un à la



1 Vergl. Bd. IV, 15. 44. 45. 82.