<251> marquis de Valory vous a communiqué, et que je vous renvoie ci-clos, je vous dirai que vous répondrez audit marquis de Valory que j'étais bien aise de ce que la France voudrait faire faire par son ministre en Suède des insinuations pour que celle-ci accélérât la prompte conclusion d'une alliance défensive avec moi, et que la France pourrait se résoudre de payer à la couronne de Suède, en faveur de cette alliance, un certain subside annuel; mais que je ne pourrais tout-à-fait goûter la condition que la France y voulait ajouter, savoir qu'elle entrât en cette alliance comme partie principale contractante, de sorte qu'on en ferait dès à présent un traité de triple alliance; puisque, premièrement, on donnerait absolument par là une jalousie extrême à la Russie, qui s'imaginerait qu'il y avait bien d'autres choses cachées sous ce traité-là, et qui pourrait aller par là à des extrémités. En second lieu, que, si la France voulait entrer dès à présent en cette alliance comme partie principale contractante, elle y réussirait bien difficilement, par les grandes oppositions que les factions anglaise et russienne en Suède, et même la plupart de ceux du bon parti, ne manqueraient pas d'y faire; et qu'en conséquence de tout cela la France trouverait moins de difficultés et plus d'avantages, si elle n'entrait pas d'abord en cette alliance, mais qu'on la fît, sans nommer expressément la France, en y ménageant quelque article en termes tout-à-fait généraux pour l'accession des puissances qu'on pourrait inviter avec le temps d'un concert commun.

Voilà ce que vous ne manquerez pas de répondre au marquis de Valory, dans des termes les plus polis et les plus convenables. Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


2442. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 3 décembre 1746.

La dépêche que vous m'avez faite le 21 du novembre passé, m'a été rendue. Les conjectures que vous faites sur les conférences de Breda, me paraissent bien fondées; on a tout lieu de croire que, tant que l'Angleterre aura le moindre rayon d'espérance à faire sa paix particulière avec l'Espagne, elle ne pensera jamais sérieusement à faire sa paix avec la France. Je doute encore que la nouvelle de la difficulté suscitée par le comte de Brühl au sujet du mariage, soit fondée; il n'y a aucune raison qui puisse obliger ce ministre à faire une démarche si hasardeuse et qui lui pourrait coûter un jour. Je crois plutôt que les Français se sont jetés trop précipitamment à la tête des Saxons par rapport à ce mariage. S'ils avaient attendu et s'étaient fait rechercher du roi de Pologne, qui a tant désiré ce mariage, ils auraient pu faire telles conditions qu'ils auraient voulues avec la cour de Saxe; à présent que la Saxe a fait son affaire principale, et que les Français ont commencé par où ils devraient finir, je puis vous dire positivement que