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2448. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 9 décembre 1746.

Je suis satisfait de la relation que vous venez de me faire en date du 28 du novembre dernier. Comme les avis me viennent partout de la paix qui doit être conclue entre l'Espagne et la reine de Hongrie, et qu'il y a des indices très forts que ces avis-là ne manquent pas de réalité, la France ferait bien de faire travailler incessamment à Constantinople pour animer les Turcs contre la cour de Vienne et de ne pas donner le loisir aux Autrichiens de prendre les devants, puisque les ennemis de France travailleront chaudement pour empêcher que celle-ci ne puisse tirer profit de l'événement de la paix qui est effectivement conclue entre la Porte Ottomanne et la Perse.

Federic.

Nach dem Concept.


2449. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 9 décembre 1746.

J'ai bien reçu la relation que vous m'avez faite en date du 30 du novembre dernier. Je suis persuadé que les bruits qu'on a fait courir à Vienne de mes prétendus desseins contre l'Impératrice-Reine, ne proviennent que de la déclaration qu'on m'attribue faussement, comme si je ne pouvais voir d'un œil indifférent que les troupes autrichiennes passassent le Var et qu'elles entrassent en Provence; et qu'on y ajoute foi d'autant plus facilement qu'on continue toujours à me supposer des alliances avec la France, qui cependant n'existent nullement. C'est sûrement de là que s'originent les inquiétudes que la cour de Vienne a fait paraître à l'occasion des susdits bruits. Quant au nommé Bredow, mes soupçons se fortifient de plus en plus que cet homme ne chemine pas droit avec vous et que la cour de Vienne vous l'a détaché pour vous insinuer des choses capables à vous faire faire quelque faux-pas. Quoi qu'il en soit, vous ferez bien d'être sur vos gardes avec lui, et de ne pas rompre avec lui, ni même lui faire apparaître le moindre doute sur sa fidélité, mais de continuer plutôt de vous en servir tout comme par le passé, en l'observant cependant de bien près et en examinant mûrement les rapports qu'il vous fera. Pour celui qu'il vous a fait par rapport au grand nombre des Protestants en Silésie qui doivent être mécontents, je vous le soutiens absolument faux et controuvé. Vous avez néanmoins bien fait de me mander tout naturellement ce qu'il vous a dit là-dessus; aussi ne discontinuerez-vous pas à faire toujours de même.

Sur ce qui est des bruits sourds que la paix entre la cour de Vienne et celle de Madrid soit parvenue à sa perfection, je les crois fondés, et autant que je puis juger des avis que j'en ai eus, je me per-