<280> tâchera plutôt de trouver alors des chevilles pour s'en dispenser, soit en s'excusant de ce que ce n'était pas un casus foederis, ou d'offrir tout au plus ses bons offices pour moyenner un nouvel accommodement. Sur quoi j'attends votre sentiment, fondé sur des conjectures raisonnables, selon la connaissance que vous avez de la façon de penser du ministère présent et des grands de l'Angleterre, de même que de la nation.

Comme il est arrivé depuis peu que la cour de Pétersbourg a fait donner une note, accompagnée d'un résultat du Sénat, à milord Hyndford, pleine, à ce qu'on dit, de termes peu mesurés, portant en substance que, quoique l'impératrice de Russie fût prête à donner à Sa Majesté Britannique en toute autre occasion des marques convaincantes de sa parfaite amitié, elle n'avait pas pourtant pu se dispenser de défendre entièrement le commerce des Anglais avec les Persans, parcequ'on avait fourni au schah Nadir les moyens de construire des vaisseaux de guerre sur la Mer Caspienne, que les Anglais établis en Perse avaient engagé au delà de 200 Russes à se mettre sous la protection du Schah, et maltraité outre cela plusieurs sujets de l'Impératrice — vous devez me mander l'effet que cela aura fait tant sur le ministère que sur la nation anglaise, et si cela sera capable d'altérer la bonne intelligence qu'il y a eu entre les deux cours.

Federic.

Nach dem Concept.


2482. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 3 janvier 1747.

J'ai reçu votre dépêche du 23 du mois dernier passé. Le marquis d'Argenson me fait tort, s'il prétend de taxer de mépris pour la France que je n'aie pas pu me prêter à son idée par rapport à une triple alliance à faire entre la France, moi et la Suède. Outre toutes les raisons que je vous ai déjà suppéditées par mes dépêches précédentes sur ce sujet-ci, vous devez dire, avec toute la politesse possible, à ce ministre qu'il y avait une grande différence entre mépriser une alliance et entre vouloir faire les conditions d'une alliance d'une manière qu'elle ne soit pas préjudiciable à mes intérêts et que malgré cela la France y trouve toutes ses convenances. Nous ne sommes point différents sur l'alliance, mais seulement sur la forme de l'alliance. Le marquis d'Argenson en veut de l'éclat, et moi du secret, parceque les circonstances gênantes où je suis ne me le permettent pas autrement — ce que vous ne laisserez pas de lui bien expliquer.

Vous pouvez être sûr du secret qu'on vous gardera sur l'avis que vous me donnez touchant le changement qui pourra se faire dans le ministère de France; comme ce sera apparemment le sieur Pâris-Duverney qui y aura la plus grande influence, vous tâcherez de me le gagner et de le rendre favorable à mes intérêts par toutes sortes de politesses que vous lui direz de ma part. Vous prendrez l'occasion de cela au