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2487. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 7 janvier 1747.

J'ai bien reçu votre dépêche en date du 26 du décembre passé. Comme vous savez déjà toutes les raisons que j'ai à ne pas me prêter à cette triple alliance que la France m'a fait proposer par le marquis de Valory, j'espère que vous aurez fait de votre mieux pour habiller ce refus le plus honnêtement qu'il vous aura été possible, et de la façon que je vous l'ai dit par mes dépêches précédentes. Avec toute la bonne volonté que j'ai pour la France, il m'est cependant impossible de m'embarquer dans une chose qui, par les suites qui en seraient inévitables, ne laisserait pas de m'être extrêmement préjudiciable, vu les grands embarras que j'en aurais à essuyer, sans pouvoir jamais me promettre alors quelque secours efficace ni de la France ni de la Suède, et, d'ailleurs, on ne saurait disconvenir que ce que nous avons vu arriver à la maison de Bavière, et ce qu'on voit arriver encore aujourd'hui aux Génois, ne saurait guère animer les amis de la France à faire des démarches d'éclat — ce que vous pourrez bien laisser entrevoir aux ministres français, quoique de la manière la plus douce et la plus polie que vous sauriez imaginer. Au reste, désirant fort d'avoir de vous, le plus souvent qu'il se pourra, des nouvelles de ce qui se passe en Provence, vous ne manquerez pas de m'en donner à chaque jour de poste.

Federic.

Nach dem Concept.


2488. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.

Berlin, 7 janvier 1747.

J'ai bien reçu votre relation du 5 de ce mois que le courrier du marquis de Valory a apportée. Je ne puis que m'affermir de plus en plus dans la mauvaise opinion que j'ai du comte de Brühl et de ses menées, et l'expérience que j'en ai faite et ce qui me revient de partout ne peut que m'empêcher de prendre aucune confiance en ses assurances. Son but n'est que d'éloigner tout ce qui pourrait former une liaison solide et durable entre moi et la Saxe, et on le verra toujours saisir jusqu'aux moindres circonstances qui pourront détourner son maître de cet objet. L'affaire des miliciens1 terminée, il y fera succéder celle de Fürstenberg,2 et, celle-ci encore ajustée, un traité de commerce sera pour lui un nouveau sujet d'anicroche, et ainsi de tout le reste, n'étant que trop démontré que, quand on veut chercher des sujets de plainte et d'humeur, des pierres d'achoppement enfin, on en trouve toujours dont ils est aisé de faire usage et de masquer les motifs.

Quand je réfléchis sur la conduite que j'ai tenue avec ces gens-là



1 Vergl. Bd. IV, 385.

2 Vergl. S. 15.