<285> comme l'unique expédient auquel je puisse me prêter, celui de rendre les miliciens de Saxe qu'ils réclament, moyennant qu'ils les échangeront avec le même nombre d'autres hommes de la même grandeur.

Quant à l'affaire de Fürstenberg, vous direz au duc de Richelieu que c'est un objet qui, dans le fond, n'intéresse que trois ou quatre marchands de Breslau, et dont, au reste, je ne retire aucun avantage, et que, si les Saxons n'aplanissent pas les difficultés et ne remédient pas aux griefs que j'ai contre eux, j'attendrai patiemment et m'en remettrai au temps et à leur mauvaise conduite.

Vous devez lui faire remarquer encore que l'union des Saxons ne m'est pas absolument nécessaire, et que, si jusqu'ici je leur ai fait des avances, cela a été pour leur plus grand bien et pour leur prouver combien j'étais réellement disposé à vivre en bonne amitié avec eux, et que, si Brühl s'imaginait tirer à la courte paille avec moi, il en sera la dupe, et il doit plutôt se ressouvenir que, s'il respire encore, ce n'est que parceque je n'ai pas voulu l'écraser. Ses intérêts personnels devraient le porter à acheter mon amitié de tout son pouvoir; il doit connaître le nombre et la puissance de ses ennemis en Saxe, et, dans un cas de révolution, il doit penser qu'il n'y a point de prince plus à portée, plus capable et de meilleure volonté que moi de lui prêter un asile.

C'est ce que vous devez prendre adroitement l'occasion de lui faire sentir comme une insinuation et une preuve de mes sentiments personnels pour lui.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


2489. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A BERLIN.

Berlin, 7 janvier 1747.

Monsieur. Je ne serai point étonné, si vous autres Français vous vous laissez encore séduire par les ministres de Saxe; votre destin singulier est d'être dupées par ces gens-là; une fois de plus, une fois de moins ne vous importe guère.

Pour moi, qui n'aime ni à tromper ni à être trompé, je suis d'un sentiment différent et je crois qu'il me conviendrait fort mal de me laisser jouer par Brühl, que je ne regarde dans le fond de mon âme que comme le dernier des misérables.

Si les Saxons croyaient avoir besoin de mon amitié, ils feraient volontiers quelques pas en avant et n'accrocheraient pas à des bagatelles des objets qui leur sont importants. Si mon amitié leur paraît inutile, je m'épuiserai en vain par des avances qui, quoique réitérées, seraient toujours inutiles. Je crois avoir assez fait à leur égard. Je suis entré dans un plus ample détail sur cet article dans la dépêche que j'ai faite