<29> pour moi, témoin la résolution que le comte de Maurepas venait de vous donner touchant le bâtiment marchand d'un de mes sujets que les Ostendois avaient pris et que j'avais réclamé comme de bon droit; mais que je n'entendais pas me payer de cette défaite, ni me laisser traiter en ennemi par la cour de France, et que je prétendais protéger mes sujets et réclamer ce bâtiment avec toute sa cargaison, sans m'arrêter à ce que l'amirauté de France trouverait bon d'en décider.

Du reste, comme il y a un homme de lettres, nommé Fréron, qu'on a arrêté à Paris pour des soupçons, et qu'il me paraît qu'il sera indifférent au ministère de la France d'avoir cet homme encoffré dans la bastille ou de le reléguer tout-à-fait de la France, mon intention est que vous en deviez faire la proposition aux ministres, en ajoutant que de cette manière ils seront quittes de cet homme, que je prendrais alors chez moi.

Federic.

Nach dem Concept.


2156. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 20 février 1746.

Vos dépêches du 1er et du 5 de ce mois m'ont été bien rendues. La nouvelle de la rétrogradation des troupes russiennes m'a fait beaucoup de plaisir, et bien que j'aie eu de la peine à me persuader que la. Russie en voudrait tout de bon à moi, néanmoins les mouvements que tes troupes russiennes ont faits et qui semblaient menacer mes États, n'ont pas laissé de me donner assez d'inquiétudes; mais comme, selon toutes les apparences, les circonstances se sont bien changées, vous devez continuer à paraître assez indifférent et sans souci sur tout ce qui se passe en Russie à cet égard, pendant que vous lorgnerez de bien près toutes les allures du ministre russien. Vous ne devez négliger aucune occasion pour encourager l'ami intrépide,1 afin qu'il continue à tailler bien de la besogne au chancelier Bestushew, et de le peindre tel qu'il est à sa souveraine. Vous l'assurerez, si l'occasion se présente, de toute ma reconnaissance; aussi crois-je que vous ne lui serez point en arrière sur ce que je lui dois.

Quant à la garantie de la Russie, je veux bien vous réitérer encore ce que je vous ai mandé déjà là-dessus, savoir que je ne me soucie guère de cette garantie, puisqu'au fond on n'en peut pas faire usage, ni se servir jamais de ces gens-là pour faire quelque chose avec eux.

Si des malintentionnés ou qui que ce soit continuent à parler de ma prétendue vengeance des déplaisirs que la Russie doit m'avoir faits par tes démonstrations qu'elle a faites de me vouloir attaquer, vous déclarerez toujours que la Russie ne m'avait point fait assez de mal pour que je me visse obligé d'en tirer vengeance, et que tout ce qu'elle avait



1 Lestocq.