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l'égard d'une médiation pour parvenir à la paix; aussi en prendraisje ma part avec mille plaisirs; mais jusqu'à ce moment-ci, je trouverais mille oppositions tant du côté de l'Angleterre que de la part de la cour de Vienne, qui toutes deux me tiennent pour si partial à l'égard de la France qu'ils n'envisageraient pas ma médiation autrement que comme si la France avait dicté elle-même chaque article que je proposerais pour la pacification. Au surplus, vous devez me mander si les Saxons continuent toujours à imposer aux Français, ou si ceux-ci commencent à ouvrir les yeux sur les illusions dont les Saxons les ont fascinés jusqu'ici.

Au reste, j'ai eu des nouvelles d'Angleterre que, loin que le ministère britannique dût agréer le projet préliminaire de la convention faite à Pétersbourg entre les ministres de Vienne et de Londres et entre la cour de Russie, touchant l'envoi d'un corps de troupes russiennes au secours de la reine de Hongrie contre la France, ce susdit ministère l'avait rejeté, non seulement par l'impossibilité et les inconvénients qui doivent résulter pour transporter ces troupes, mais, de plus, pour les sommes considérables qu'il faudra pour cela. On ajoute qu'il y avait même des ministres anglais qui ne verraient pas avec plaisir que la Russie vienne si avant se mêler des affaires de l'Europe. On me mande d'ailleurs que le chevalier Williams, nommé ministre de la cour de Londres à celle de Dresde, était parti pour s'y rendre; que le comte de Flemming, ministre de Saxe à Londres, avait beaucoup sollicité l'envoi de ce ministre anglais à sa cour, pour affermir celle-ci dans le système de la cour de Vienne, pour lequel le comte de Flemming était toujours grand partisan, déclarant partout que, malgré le mariage fait avec la France, sa cour n'avait pris pour cela aucun engagement avec cette couronne, et qu'elle resterait sûrement dans le système de la cour de Vienne.

Voilà les nouvelles qui me sont revenues de Londres, et que je vous communique pour que vous en puissiez faire auprès des ministres de France tel usage que vous trouverez convenable.

Federic.

Nach dem Concept.


2582. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 31 mars 1747.

J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite en date du 22 de ce mois. Quant aux ostentations des Russes en Livonie, je suis tout-à-fait persuadé que la cour de Vienne en a sa part, autant que celle de Londres, et, malgré que vous soyez du sentiment que la cour de Vienne est tranquille à l'égard de mes desseins, je sais, à n'en pouvoir douter, que les ministres de la reine de Hongrie lui en font des insinuations toutes contraires. Au reste, je suis persuadé qu'il n'en sera rien de