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Au surplus, il n'y a rien de plus fondé que les soupçons que vous avez contre le sieur Robinson et que celui-ci n'exécute pas comme il faut les ordres qu'il reçoit de sa cour relativement à l'affaire de la garantie par l'Empire du traité de paix de Dresde, ce ministre ayant une passion aveugle et outrée pour la cour de Vienne, ainsi que j'ai tout lieu de présumer qu'il n'a jamais que fort faiblement exécuté les ordres de sa cour à cet égard, et qu'il a plutôt animé sous main la cour de Vienne à tenir ferme, jusqu'à ce qu'on m'ait mené à garantir réciproquement la Sanction Pragmatique dans tout son entier.

Federic.

Nach dem Concept.


2628. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A LEIPZIG.

Klinggräffen berichtet, Leipzig 29. April: „Comme je donne toute mon attention à découvrir le but des armements de la Russie, et que je sais que le comte Bestushew [envoyé de Russie à Dresde] voit quelquefois la comtesse de Rœder, que je connais bien intentionnée pour Votre Majesté, je me rendis chez elle, la veille de mon départ de Dresde … Elle me confia … qu'elle lui [Bestushew] avait fait entendre qu'elle n'espérait pas qu'on voulût par la Courlande entreprendre quelque chose contre Votre Majesté; à quoi le ministre de Russie avait répliqué que cela ne serait pas impossible, que la Russie avait sujet de se plaindre de Votre Majesté, vu les engagements qu'elle prenait avec la Suède, et qu'en cas que celle-ci, ce qu'on ne craignait pas, entreprît quelque chose contre la Russie, on entrerait en Lithuanie et en Prusse et qu'on pousserait sa pointe; que, la Russie étant supérieure en nombre de troupes, quand même elles seraient battues. les secours ne manqueraient pas, ce qui serait bien différent si elles étaient victorieuses; que la Russie n'avait pas encore oublié l'entrée de Votre Majesté en Saxe malgré les représentations qu'elle avait faites en ce temps-là, et qu'on touchait peut-être au moment de la paix, où la reine de Hongrie pourrait en même temps penser à la Silésie.“

Potsdam, 6 mai 1747.

La dépêche que vous m'avez faite en date du 29 du mois passé d'avril, m'a été rendue. Vous faites fort bien de vous donner tous les mouvements possibles pour approfondir ce qui peuvent être les vrais desseins des Russes dans toutes les démonstrations militaires qu'ils font apparaître, et j'approuve parfaitement les moyens dont vous vous servez pour les éclaircir; mais sur ce qui regarde les propos que le comte Bestushew a tenus à la comtesse de Rœder, je ne saurais les considérer autrement que comme des propos insensés qu'un fanfaron tient dans un cabaret, puisque je suis trop bien instruit que jusqu'au moment présent les engagements que la Russie a pris avec la reine de Hongrie ne sont autres que purement défensifs. D'ailleurs, je ne doute pas du malin-vouloir du premier ministre de Russie, le grandchancelier Bestushew, mais aussi y a-t-il plus de mauvaise volonté que de réalité, parceque, dans le mauvais état où sont les finances de Russie, elle ne saurait pas entreprendre de m'entamer, sans être aidée en argent par quelque puissance étrangère. Outre cela, la reine de