<387> gagné trop d'ascendant sur l'esprit de cette Princesse pour que l'ami important ne dût perdre ses peines en voulant dessiller les yeux à sa souveraine. Cependant vous ne laisserez pas de le remercier le plus obligeamment de la bonne disposition où il est à mon égard, et de l'y entretenir. Vous accusez fort juste quand vous dites que le dessein de son antagoniste est de porter l'Impératrice à envoyer cet ami dans quelque cour étrangère, parcequ'il m'est revenu de fort bien lieu que l'ambassadeur autrichien à Pétersbourg s'est vanté auprès de sa cour qu'après qu'il avait réussi à faire éloigner les comtes de Brummer et de Wachtmeister, il espérait de faire autant de ce qu'il restait d'amis de la France et de la Prusse, pour en balayer tout-à-fait la cour de Russie.

Comme le comité secret en Suède vient de se décider positivement sur la conclusion de l'alliance défensive entre moi et la Suède, et qu'on est actuellement après à faire part au Sénat de la résolution prise de procéder à cette alliance et de l'autoriser à la réaliser, ce dont apparemment le sieur Korff aura averti sa cour, je désire fort de savoir, le plus tôt qu'il sera possible, de quel œil la cour de Russie a regardé cette démarche des Suédois, et quel effet cela fera sur elle, si elle en deviendra plus docile, ou si elle en voudra faire la revêche.

Federic.

Nach dem Concept.


2635. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.

Potsdam, 11 mai 1747.

Puisque vous venez de m'assurer, par la dépêche que vous m'avez faite le 7 de ce mois, que le sieur Saul a été à Leipzig pendant tout le temps de la foire, il faudra qu'il y ait eu du mal-entendu dans l'avis que l'homme d'affaires a donné à son ami, et il aura apparemment parlé du voyage que le sieur Saul a fait il y a quelque temps secrètement à Vienne. Je viens cependant de découvrir encore que la négociation que le duc de Richelieu avait mise en train à son départ de Dresde, par le canal du comte Loss à Vienne, pour parvenir à une paix avec la reine de Hongrie, n'a été point du tout avantageuse à mon égard, et que les Français s'y sont avancés plus qu'ils n'auraient dû faire, mais que cette négociation n'a rien produit.

C'est une illusion toute pure que l'envoi du courrier que mon ministre à la Haye me doit avoir dépêché, après avoir été en conférences avec les députés de l'État sur l'entrée des Français dans la Flandre hollandaise, et la République n'a pas même pensé à demander mon assistance.

Au reste, comme la cour de Dresde a été obligée de payer de si grosses sommes et à moi et à la cour d'Hanovre, et que les billets de la Steuer ont été acquittés fort mal à la foire passée de Leipzig, je