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2653. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE: A VIENNE.

Podewils berichtet, Wien 13. Mai: Le comte d'Ulfeld me dit que la révolution de Hollande „avait été absolument nécessaire, et qu'il était impossible que la République eût encore subsisté quelques années sur le pied où elle était, et, se récriant beaucoup sur la décadence de la discipline et de tout l'état militaire, il me dit que, pour les remettre, il faudrait que le prince d'Orange, à l'imitation du roi Guillaume, fît sauter quelques têtes. Il ajouta encore que cette révolution justifierait la conduite du marquis d'Argenson, dont la disgrâce avait été causée parcequ'il s'était opposé, l'année passée, à toute invasion dans la Flandre hollandaise.“

Berlin, 23 mai 1747.

La relation que vous m'avez faite du 13 de ce mois m'a été rendue. J'avoue que la façon confidente dont le comte d'Ulfeld s'est expliqué envers vous par rapport à la révolution arrivée en Hollande, m'a bien surpris, et il faut que l'excès de joie que cet événement a opéré en lui soit la cause de cette inconsidération. Je suis cependant persuadé que le parti que les Autrichiens croient tirer de cette révolution, ne sera pas fort considérable, et qu'à moins que les Français ne soient pas battus, la république de Hollande aura certainement cette année encore le théâtre de la guerre dans ses provinces.

Les nouvelles qu'on a de la Turquie, qui ne marquent aucun dessein contre la reine de Hongrie, et ce que l'on m'a mandé des assurances positives que le Grand-Visir doit avoir données au ministre russien à Constantinople de l'intention où la Porte était de vivre en repos et en bonne intelligence avec les puissances chrétiennes, ses voisins, vérifient ce que je vous ai toujours dit, que les Autrichiens n'auront rien à craindre du côté de l'Orient.

Je conçois parfaitement les difficultés que vous aurez pour vous procurer de l'accès auprès de l'Impératrice, mais pourvu que vous fassiez tout ce qui sera possible pour y réussir, je serais toujours content.

Si la cour de Londres n'a pas cet ascendant sur celle de Vienne qu'elle doit avoir, c'est sûrement par sa propre faute et parceque ses ministres ne sont pas assez habiles de savoir s'y prendre; naturellement la cour de Vienne devrait être obligée de suivre aveuglément ce que la cour de Londres désire d'elle. Je crois que le comte de Harrach est une de plus habiles têtes de tout ce qu'il y a à Vienne; malgré tout cela je doute que, quand même il serait en poste, il serait à même d'agir selon ses conceptions.

Federic.

Nach dem Concept.