<403> avait mandé à sa cour qu'il serait presque contre la dignité de sa souveraine de me faire plus d'instances ou de demandes sur quelques choses, puisque l'on pourrait être sûr d'avance que je ne me prêterais à rien et que l'on ferait donc mieux d'attendre le temps et le moment où l'on pourrait appuyer de force les propositions que l'on voudrait me faire.

Quoique j'aie de la peine à croire que le comte de Keyserlingk eût voulu se prêter tant aux insinuations de général Bernes, jusqu'à faire une pareille démarche, l'ami important reconnaîtra cependant par là combien les Autrichiens se donnent des mouvements pour attiser, s'il leur est possible, le feu entre la souveraine de Russie et moi; que je l'avais bien voulu avertir, quoique je me flattasse fort et fermement qu'il n'en ferait jamais quelque usage, mais qu'il se contenterait d'en être informé pour pouvoir confondre des complots qui étaient diamétralement contraires à la gloire et aux intérêts de l'impératrice de Russie; que je laisserais, au surplus, à sa considération et à ses réflexions équitables, si j'avais pu me prêter aux instances, qui vraisemblablement ne venaient que du Chancelier, de faire arrêter et rendre tout ce qu'il y avait de déserteurs des troupes russiennes, sans qu'il y ait jamais eu quelque convention à cet égard, et cela justement dans un temps où le Chancelier me faisait voir partout tant de mauvaise volonté, et où l'on me refusait jusqu'aux moindres choses, le plus souvent d'une manière assez rude.

Federic.

Nach dem Concept,


2660. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Charlottenbourg, 5 juin 1747.

Il est vrai que le général Bernes a reçu depuis peu de temps un courrier de sa cour qu'il a renvoyé après l'avoir gardé quelques jours chez soi, mais qui n'a point du tout été de retour chez lui. Quoique le général Bernes n'ait sonné mot au sujet des dépêches que ce courrier lui a apportées, et qu'ainsi on en ignore le contenu, je suis cependant persuadé que ces dépêches n'ont point roulé sur des choses qui nous puissent donner de l'ombrage, et qu'en conséquence vous n'avez nul lieu d'en être inquiet. Je suis d'ailleurs persuadé que le fréquent envoi de courriers entre les cours de Pétersbourg et de Vienne regarde principalement l'affaire de l'accession de Saxe au traité d'alliance fait entre ces deux cours; il se peut agir encore de réconcilier les cours de Vienne et de Dresde par rapport au différend qu'il y a eu au sujet du comte Esterhazy.1 Outre cela, je sais de bon endroit que les deux cours font travailler le ministre anglais à Dresde, le sieur Williams, pour détacher,



1 Man nahm in Dresden Anstand, das Creditiv Esterhazy's als Botschafter entgegenzunehmen, weil der französische Botschafter Marquis des Issarts kategorisch erklärt hatte, dass er dem Botschafter des von Frankreich noch nicht anerkannten Kaisers nicht den Vortritt lassen werde.