<42> pu deviner que l'ancien ministère rentrerait en son entier dans l'activité de ses charges, et, ce qu'il y a d'agréable, c'est qu'un événement aussi critique que l'était celui-ci, a pris à mon avantage le tour le plus favorable. Nous verrons à présent si la reine de Hongrie gardera encore ces treize régiments autour de mes frontières, ou si elle les emploiera plus utilement pour son service. Nous verrons bientôt le langage que parlera Bestushew, et cela, joint aux découvertes qu'Andrié est en chemin de faire, cela, dis-je, déterrera tout le mystère d'iniquité de mes infâmes ennemis. Je m'épuiserai en compliments et assurances d'amitié envers le duc de Newcastle et Harrington; je me flatte qu'on fera pendre Carteret et qu'en suite personne ne pourra contrarier le ministère anglais dans les mesures que nous pourrons prendre ensemble. Adieu. Je vais expédier ma poste incessamment.

Federic.

Nach der Ausfertigung. Eigenhändig.


2169. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Potsdam, 7 mars 1746.

Vous avez très bien fait de m'informer d'abord et par un exprès du grand événement qui s'est passé le 24 du mois de février dernier en Angleterre et qui fait l'objet de votre relation du 25 dudit mois.

Vous jugerez aisément de la satisfaction extrême que cette nouvelle m'a causée, tant par l'interêt que j'y ai moi-même que par ce que je vois rétabli par là en place ce qu'il y a de meilleures têtes et de gens des plus dignes en Angleterre. Aussi ne manquerez-vous pas de les en féliciter cordialement de ma part et de vous épuiser surtout en compliments et en assurances d'amitié, dans les termes les plus polis et les plus obligeants, envers le duc de Newcastle et envers milord Harrington; à quoi vous ajouterez que je n'aurais jamais pu me fier à l'Angleterre, ni avoir des liaisons étroites avec elle, tandis que la direction des affaires ne serait pas entre les mains de ministres aussi bien intentionnés qu'eux, mais les voyant dans l'avantage où ils sont maintenant, et qu'ils ne pourraient plus être contrariés des gens qui pensent mal sur les véritables intérêts de l'Angleterre, ils pourraient compter sur mon amitié sincère et que je me ferais un sensible plaisir de contribuer autant qu'il dépendrait de moi pour vivre en très bonne intelligence avec l'Angleterre; qu'avec cela j'espérais qu'ils auraient pris de si bonnes mesures qu'ils ne pourraient plus être contrariés dans leurs bonnes intentions et dans leurs vues droites, ni par le Roi, ni par qui que ce soit, ce qui m'attacherait d'autant plus à eux. Au reste, comme vous me marquez ce que les ministres vous ont dit touchant la contrariété des sentiments du Roi dans l'affaire de la convention d'Hanovre et depuis, de même que du capotisme que vous avez observé auprès des ministres autrichiens, saxons et russiens, lorsque Carteret a été obligé de se con-