<44> là où vous êtes, l'expérience m'ayant appris qu'il ne faut point faire de dépenses avec des gens tels que sont ceux qui sont à présent au timon des affaires de Russie, sinon quand ils nous peuvent faire incessamment ce que nous désirons d'eux; car de compter sur leur reconnaissance, c'est fort se mécompter. En conséquence de quoi, mon intention est que vous deviez laisser aller les choses leur train, en observant néanmoins toujours très bien les allures et les menées du ministre, de même que des Saxons, dont je me défie encore extrêmement nonobstant toutes leurs simagrées, et que vous ne négligiez rien qui a du rapport à mes intérêts.

Quant au lieutenant Hagert, vous savez déjà que je suis tout prêt à lui donner son congé, aussitôt que je serai assuré qu'on fera le pareil au colonel de Manstein. Je renverrais de bon cœur les vieux et invalides soldats russes, si cela pouvait aboutir à quelque chose; mais ayant appris combien peu me servent toutes les complaisances que j'ai eues jusques ici pour l'Impératrice, et que celle-ci ne peut rien faire pour moi, quand même elle voudrait, aussi longtemps que son ministre a seul la direction des affaires, j'attendrai sur ledit renvoi un temps plus convenable. Si notre ami1 passe par Frankfort-sur-l'Oder, je ne manquerai pas d'y envoyer quelqu'un qui lui parlera.

Au reste, comme le carrosse que j'ai destiné à l'Impératrice, vient d'être achevé, je le ferai emballer et vous l'enverrai par mer; j'ai même envie d'envoyer, vers le temps que le carrosse peut être à Pétersbourg, le colonel de Grape, en apparence pour le présenter à l'Impératrice, mais au fond pour que vous vous en puissiez servir à faire des insinuations convenables à des personnes où vous le croirez nécessaire. Vous n'oublierez pas de me mander quelles impressions ont faites les deux grandes révolutions qui ont été en Angleterre par rapport au ministère, On m'a mandé que le ministre russien à Londres a paru être bien capot, lorsqu'il a appris que Carteret a été obligé de se démettre derechef de son emploi, qu'il avait eu 48 heures, et que les deux secrétaires d'État, Harrington et Newcastle, ont été rétablis. Je me réfère d'ailleurs aux dépêches qui vous parviendront de mes ministres.

Federic.

Nach dem Concept.


2172. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Potsdam, 15 mars 1746.

Vos relations du 1er et du 4 mars m'ont été bien rendues. Vos soupçons que le lord Carteret avait formé quelque système avec les ministres de Russie, de Vienne et de Saxe, lequel n'aurait point été à mon avantage, ne sont que trop fondés, et je sais présentement ce que je dois croire des fréquentes conférences secrètes qu'il y a eu à Vienne entre les ministres autrichiens et celui de Russie, le sieur Lantschinski,



1 Woronzow.