<447> sa cour de faits controuvés, le général Bernes l'a pris là-dessus d'un ton si haut avec lui jusqu'à le menacer de son ressentiment. Anecdote dont vous sauriez bien laisser entrevoir quelque chose à l'ami important, mais en garder, au reste, le silence envers qui que ce soit.

Nach dem Concept.


2723. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 29 juillet 1747.

Lorsque je reçus dernièrement votre dépêche du 19 de ce mois, l'enveloppe en était si endommagée que même le maître de poste à Neisse s'est vu obligé de marquer, par un billet qu'il y avait joint, que cette lettre lui était parvenue toute mouillée encore et l'enveloppe entièrement gâtée. Il y avait encore d'autres marques assez visibles qu'on avait même ôté l'enveloppe que vous y aviez mise, et que l'on avait substitué une autre à sa place, quoique scellée de votre cachet, sur laquelle une main étrangère avait tâché d'imiter les caractères de votre main pour mettre sur le dessus l'adresse ordinaire: Au Roi. Comme la même chose à peu près est arrivée depuis peu avec plusieurs autres de vos dépêches, cela me suffit pour ne plus douter que l'on ouvre vos lettres malgré le soin que vous prenez de les bien fermer, et quand je réfléchis sur d'autres circonstances dont je suis assez informé, je suis presque moralement persuadé que le chiffre dont vous vous êtes servi jusqu'ici, est absolument trahi. Cependant, puisque toutes les plaintes que vous sauriez faire de ce que l'on ouvre vos lettres, ne serviront de rien et ne rendront que plus précautionnés les gens qui s'en mêlent, je veux que vous deviez dissimuler tout ce que je viens de vous marquer à ce sujet.

Pour vous répondre présentement au sujet des plaintes que la cour de Vienne prétend avoir contre vous, je dois vous dire que je suis extrêmement satisfait de la belle apologie que vous venez de faire contre toutes ces imputations. Vous deviez cependant trop me connaître pour croire un moment que ces fausses accusations eussent pu opérer le moindre sujet de mécontentement contre vous; soyez plutôt persuadé que je suis tout-à-fait content de la conduite que vous avez tenue pendant tout le temps de votre envoi à la cour de Vienne, et que, si je vous ai averti secrètement de la façon de penser de cette cour à votre égard, je ne l'ai fait que dans le dessein de vous aider à vous compasser avec des gens aussi insolents, hautains et artificieux que sont ceux que vous avez vis-à-vis de vous. Je suis d'ailleurs parfaitement persuadé que la cour de Vienne me veut tout le mal imaginable, et que je suis l'objet de leur haine et de leur rancune; aussi applaudis-je tout-à-fait à votre sentiment que je ne dois jamais me fier à eux, mais être plutôt toujours en garde contre leurs mauvais desseins.