<460>celier se conservera en place et en crédit; c'est une tête trop fertile en intrigues, et sa clique est trop forte, pour qu'il ait à craindre du mécontement de tous ceux qui lui sont contraires.

Au surplus, la cour de Vienne vient encore d'être ombragée du voyage que je vais faire pour peu de semaines en Silésie, afin d'y voir mes régiments en revue, chacun au lieu où il est en garnison; elle en témoigne tant d'appréhensions qu'elle a donné des ordres à ses régiments en Hongrie de se tenir prêts à marcher, au premier ordre, en Bohême et en Moravie,1 et qu'outre cela elle a ordonné au général Pretlack de faire de nouvelles instances à la cour de Russie pour qu'elle l'assistât efficacement en cas que je dusse faire, pendant mon séjour en Silésie, quelque mouvement contre elle. Comme ce sont des craintes tout-à-fait frivoles, je ne les saurais envisager autrement que controuvées tout exprès pour tenir toujours la Russie en jalousie et défiance contre moi. C'est pourquoi j'ai bien voulu vous en avertir, afin que vous soyez à même d'en désabuser l'ami important, en cas qu'il devrait vous en parler, quoique vous vous garderez de lui laisser entrevoir quelque chose de ce que je vous ai mandé par rapport aux ordres que la cour de Vienne a données sur ce sujet à son ministre Pretlack.

Au reste, le parti autrichien ne se lasse point à insister auprès du comte Keyserlingk pour qu'il relève, dans les relations qu'il fait à sa cour, mes prétendus armements et les conséquences dangereuses qui en doivent résulter. Tout ce manége ne se fait que dans le but de rompre par là le voyage que l'Impératrice doit méditer de faire, l'hiver qui vient, à Moscou.

Federic.

Nach dem Concept.


2737. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A SAINT-TROND.

Potsdam, 11 août 1747.

J'ai bien reçu votre dépêche du 4 de ce mois. Ce que le marquis de Puyzieulx vous a répondu au sujet du sieur de Bernstorff, n'est pas assez positif; c'est pourquoi vous devez retourner à la charge, en lui disant que souvent, de fois à autre, j'avais appris d'Angleterre des choses assez intéressantes à la France dont je n'avais point été averti par la voie de France, et qui cependant s'étaient vérifiées à la suite du temps; que, comme je savais depuis assez de temps que le sieur de Bernstorff se mêlait à espionner la cour de France, pour avertir de ses vues et de ses desseins le roi d'Angleterre, j'avais soupçonné comme de raison le sieur Bernstorff qu'on n'avait été instruit en Angleterre que par son canal des particularités susmentionnés. Que j'en faisais donc avertir tout confidemment le marquis de Puyzieulx, non pas tant pour mon propre bien que principalement pour le bien de la France, afin



1 In der Vorlage verschrieben: Hongrie.