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2754. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 26 août 1747.

Je ne vous fais cette dépêche que pour accuser celle que vous m'avez faite le 8 de ce mois, et pour vous dire d'ailleurs que je viens d'être informé de bon lieu et en confidence que le général Pretlack et son parti agissent par des canaux souterrains, non seulementspour aigrir de plus en plus l'Impératrice contre moi, mais aussi d'indisposer le Sénat et la nation contre moi; qu'on se sert, à cette fin, des contes et des calomnies des plus sots que l'on puisse imaginer, dont il y en avait un tout nouvellement controuvé, par lequel l'on m'attribuait le dessein de vouloir faire un mariage entre le margrave Charles de Brandebourg et la princesse douairière d'Anhalt-Zerbst, afin de parvenir par là aux vues qu'on m'impute d'avoir sur la Courlande, et que ledit Margrave soit un jour général en chef des troupes russiennes — mensonge des plus ridicules que ces gens malicieux ont pu imaginer jusqu'ici. Cependant, pour que cette calomnie et d'autres encore qu'on voudra inventer à mon sujet, ne puissent faire impression sur les principaux de la nation et sur la nation même, vous devez à votre tour travailler sous main, et de toutes les façons que vous jugerez les plus convenables, pour en désabuser les principaux du Sénat et pour ôter de leurs esprits tous ces soupçons frivoles. J'ajoute que vous devez faire de votre mieux pour me conserver cette confiance que la nation a témoignée jusqu'ici à mon égard.

Federic.

Nach dem Concept.


2755. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Finckenstein berichtet, Petersburg 12. August: „Les vastes projets qu'on attribue au Chancelier pour changer l'ordre de succession établi, en substituant le prince Iwan au Grand-Duc, me paraissent très conformes à la façon de penser de ce premier ministre, mais je ne saurais me persuader qu'il ait pu trouver moyen d'y faire entrer sa souveraine; je crois plutôt que c'est un ouvrage auquel il travaille sous main et à son insu, et dont cette Princesse pourrait bien être la première victime, s'il venait à bout de se consommer. Je ne pense cependant pas que ce projet soit assez près de sa maturité … Il est triste de voir l'Impératrice se livrer de gaieté de cœur entre les mains de ses ennemis, mais, en supposant

Berlin, 27 août 1747.

C'est avec déplaisir que j'ai appris, par votre dépêche du 12 de ce mois, comme quoi l'Impératrice se livre aveuglément entre les mains de ses ennemis et se sacrifie de la sorte elle-même d'une manière des plus légères. Mais que peut-on faire, et comment sauver cette Princesse pendant qu'elle ne veut suivre les avis d'honnêtes gens? Cependant, quoi qu'il en arrive, vous pouvez vous persuader que, s'il y a jamais une révolution là où vous êtes en faveur du prince