<508> l'on s'arrange à faire, l'année qui vient, encore une campagne bien vigoureuse. Les particularités dont vous m'avez instruit, touchant les chipoteries de la cour où vous êtes avec celle d'Espagne, me confirment dans l'opinion que j'ai toujours eue, que, pourvu que l'on sache laisser faire la cour de Vienne, elle se brouillera bientôt avec les Anglais, de même qu'avec tous ses autres alliés. Je resterai toujours dans l'incrédulité où je suis que ladite cour ne paiera jamais trois millions de florins pour en dédommager la Saxe; peut-être qu'on en amadoue celle-ci, mais la somme est un peu trop forte pour que la cour de Vienne serait en état de s'en acquitter, et pour la payer à une puissance dont elle ne fait pas grand cas; peut-être la demandera-t-on aux États; mais que ladite cour devrait la sacrifier aux Saxons, voilà ce que je ne croirai pa, avant que je ne sache l'argent compté à Dresde. A cette occasion, je demande votre rapport si, après tant de dépenses que la cour de Vienne est obligée de tirer de ses propres fonds pour soutenir le fardeau de la guerre, ses provinces ne s'en ressentent pas, et si l'on ne remarque pas que celles-ci s'en appauvrissent et que les espèces deviennent plus rares qu'auparavant

Sur ce qui regarde la pensée que vous avez, que la France dût offrir à l'Angleterre un établissement pour le duc de Cumberland aux Pays-Bas, je l'applaudirais parfaitement, s'il dépendait de moi; mais outre les obstacles qu'on y trouverait même de la part de la France, je doute que le roi d'Angleterre en osât faire la proposition à sa nation, sans compter les hauts cris que la reine de Hongrie en jetterait.

Au reste, je vous avertis que je viens de parler au général Bernes,1 à qui je me suis expliqué assez naturellement, en lui disant force de louanges sur le personnel de sa souveraine. Je sais que jusqu'ici il n'en a rien rapporté à sa cour; s'il ne le fait pas bientôt, ce me sera un indice incontestable du malin-vouloir où il est à mon égard.

Federic.

Nach der Ausfertigung.


2811. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 20 octobre 1747.

Les dépêches que vous m'avez faites du 3 de ce mois, m'ont été rendues. Vous pouvez toujours assurer à l'ami important que c'est un conte des plus impertinents que celui comme si j'avais voulu tenter d'intercepter les chiffres du sieur Lantschinski.2 Je suis moi-même bien aise de ce que la cour de Russie a requis celle de Vienne de faire arrêter l'homme qu'on soupçonne; l'imposture sera mise par là dans tout son jour. Après avoir parlé au général Keith, qui vient d'arriver ici, je ne doute plus que les assurances que le susdit ami vous a données



1 Vergl. S. 485.

2 Vergl. S. 479. 488.