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2822. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 4 novembre 1747.

J'applaudis à tout ce que vous avez dit au marquis de Puyzieulx, selon le rapport que vous m'en avez fait par votre dépêche du 23 du mois dernier, touchant les soupçons que mes ennemis s'efforcent de lui inspirer contre moi, et je n'ai d'autres instructions à vous donner làdessus, sinon que vous ne devez laisser échapper aucune occasion convenable pour agacer le susdit marquis contre les Saxons et particulièrement contre le comte de Brühl, en lui insinuant adroitement d'éviter à se laisser duper par celui-ci, comme cela était arrivé à son prédécesseur, le marquis d'Argenson, qui avait eu la faiblesse de se laisser attraper par le jeu et par les simagrées du comte de Brühl, que l'on démasquait aisément, pourvu qu'on y prît garde. Au surplus, comme nous n'avons pas à négocier actuellement des affaires d'importance avec les ministres français, et que selon toutes les apparences le congrès d'Aix-la-Chapelle n'aboutira à rien, je ne trouve pas nécessaire que vous suiviez la cour à Fontainebleau, d'autant moins que tout ce qui vous reste à négocier avec les ministres français, se peut aisément faire par des lettres.

Federic.

Nach dem Concept.


2823. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 5 novembre 1747.

Votre dépêche du 17 d'octobre dernier m'a été rendue. Je ne comprends rien aux raisons que le Chancelier peut avoir pour contrecarrer tant le voyage de l'Impératrice à Moscou, jusqu'à contrarier làdessus le comte Rasumowski; selon moi, il lui devrait être également indifférent que sa cour allât à Moscou ou restât à Pétersbourg. J'attends vos nouvelles sur la marche du corps de troupes de 30,000 Russes. Il y a bien des gens ici qui doutent que ces troupes marchent effectivement; pour moi, je présume que la marche aura lieu, puisque le Chancelier est entré trop avant avec les Autrichiens et les Anglais pour ne pas se prêter à leurs désirs à cet égard. Il me semble, au reste, que l'ami important en devrait profiter et s'attacher quelques-uns du clergé qui sont en crédit, pour en faire un cas de conscience à l'Impératrice de ce que le Chancelier envoie un si grand nombre de Russes hors de la patrie, et de ce qu'il répand leur sang pour des querelles qui n'intéressent aucunement la Russie et pour des misérables subsides. Ce que vous ne laisserez pas d'insinuer adroitement à l'ami important, quand vous y trouverez une occasion favorable.

Federic.

Nach dem Concept.