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part de celle-ci on fera toujours bien d'user de toute la modération possible à cet égard et de temporiser, puisque le temps de cet homme violent ne pourra durer à la longue, et que, selon toutes les apparences, il se cassera le col avant qu'une ou tout au plus deux années soient écoulées.

La persuasion où vous êtes qu'un refus de la Pologne du passage du corps de 30,000 Russes par ce royaume n'empêchera pas que celuici ne passe outre, lorsqu'une fois il se sera mis en marche, est fort juste; pour moi, je suis moralement persuadé que cette marche existera au mois de janvier ou de février qui vient; la raison qui m'y mène, est que la Russie, ne pouvant soutenir de ses propres fonds l'augmentation de son armée qu'elle a faite en dernier lieu, sera obligée d'accepter les subsides que les Puissances maritimes lui offrent, afin d'être à même de soutenir cette augmentation en troupes, à laquelle elle ne saurait suffire sans des secours étrangers en argent.

Federic.

Nach dem Concept.


2857. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 6 décembre 1747.

Votre dépêche du 25 du mois dernier de novembre m'est bien parvenue. L'opinion où vous êtes que les Puissances maritimes et la cour de Vienne comptent absolument sur la marche des 30,000 Russes, est tout-à-fait fondée; aussi, selon mes dernières lettres de Russie, la négociation là-dessus y va encore son grand train. Il y a, à la vérité, des gens d'ailleurs assez sensés qui veulent douter encore que ladite marche ait jamais lieu, malgré tout le bruit qu'on en fait, et qui estiment qu'on ne fait que s'imposer l'un à l'autre par la négociation qu'il y a là-dessus; mais autant qu'il m'est possible d'en conjecturer, je suis toujours du sentiment que ladite marche se fera, quoique peut-être plus tard et avec plus de lenteur que les cours de Londres et de Vienne ne le voudront, et il se pourra aisément que ces troupes n'arrivent qu'au mois d'août de l'année qui vient aux lieux de leur destination. Et comme la Hollande aura à essuyer pendant cet intervalle de temps de furieux chocs, il n'est point à douter que les troupes russes seront obligées alors d'aller au secours de cette République et de marcher aux Pays-Bas, bon gré mal gré que la cour de Vienne en aura.

Sur ce qui regarde l'affaire du comte Schrattenbach au sujet de laquelle vous vous attendez que le nonce à Vienne vous en parlera, je veux bien vous dire d'avance que j'ignore effectivement si ce comte a des biens dans ma Haute-Silésie; mais en cas qu'il y soit possessionné, vous devez promettre hardiment au Nonce, lorsqu'il vous entretiendra de cette affaire, que je ne ferai nulle difficulté d'obliger ledit comte à satisfaire le siége de Rome sur les droits qu'il en a à prétendre.